Depuis son apparition dans Riches, cruels et fardés ("Série noire", 2002, repris en Folio policier), Ashe s'est imposé comme l'un des personnages les plus intrigants du polar français contemporain. Ancien enquêteur pour le compte d'une compagnie d'assurances, le héros récurrent et solitaire d'Hervé Claude évolue immanquablement en Australie. Où cet électron libre un peu dilettante et très jouisseur a d'abord vécu de ses rentes et de l'air du temps, le crâne recouvert d'un bob vermillon du meilleur effet. On l'a ces dernières années suivi dans Nickel chrome (Actes Sud, 2009, repris en "Babel") et dans Les ours s'embrassent pour mourir (Actes Sud, 2010, repris en "Babel"), formidable opus qui le montrait prisonnier entre les quatre murs d'une cellule capitonnée.
Toujours amateur de golf et de cigares, adepte des rencontres gays dans les saunas et des balades le long de la plage, le voici qui poursuit son "errance interminable" sur les côtes de l'Australie occidentale dans Les mâchoires du serpent. Notre homme va encore avoir du pain sur la planche et devoir prêter main-forte, avec son ami "flic et fidèle", Ange Cattrioni, chef adjoint du district à Perth. Le corps d'un inconnu est retrouvé disloqué, dévoré et émasculé dans un parc national en Tasmanie par trois jeunes randonneurs. Wilfrid McPhee, le défunt, était un bûcheron itinérant à qui on ne connaissait aucune famille.
Ensuite, Colin Philipoussis, employé d'une mine de nickel, porté sur l'alcool et la bagarre, est découvert les tripes à l'air, une main tranchée et les organes génitaux posés à côté. Puis vient le tour de Kevin Stratos, camionneur qui termine sans tête ni parties génitales... Ashe est amené à se pencher sur la question aborigène. Un peuple qui a tant souffert en Australie et y reste mis à l'écart. Particulièrement efficace dans sa manière de tirer les ficelles et de mener l'enquête, Hervé Claude navigue une nouvelle fois en eau trouble avec un talent évident.