Des deux personnages de cette histoire, on n’a aucune peine à identifier le premier, Pablo. A son maillot marin et surtout à son stakhanovisme, on reconnaît illico Picasso. En revanche, le second, Floyd, est beaucoup plus flou. Pour cause?: il est invisible?! On peut être imperceptible, mais néanmoins bavard… Narrateur de cette histoire loufoque, Floyd est le compagnon du grand peintre. Il s’étonne parfois de sa façon de travailler. Ainsi il se demande où est le troisième rocher que peint Pablo, alors que lui n’en voit bêtement que deux… Réponse du génie?: « La plupart des choses du monde sont invisibles et attendent d’être peintes. » Artiste habité, Pablo est aussi prévenant à l’égard de son ami. Ainsi il lui signifie, par sa peinture, la place des choses non visibles, afin que son pote ne s’y cogne pas. Hélas?! La sollicitude ne suffit pas. Floyd ne voit pas un grand trou, et tombe dedans. Patatra?! Vite, Pablo vient à sa rescousse et badigeonne à grands traits noirs le trou. En sort un flamant rose. Euh… enfin plutôt noir. L’accident aura au moins permis de révéler l’aspect et l’identité du narrateur inconnu jusque-là. Floyd n’est guère heureux d’être maculé de noir. Qu’à cela ne tienne?! Pablo le console?: il le repeindra en rose et entamera dans la foulée sa période rose. Dans cet album conceptuel qui revisite avec un humour très second degré la vision de l’artiste, les illustrations souvent elliptiques sont truffées de clins d’œil aux courants picturaux?: fauvisme, cubisme… On adore.
Pablo et Floyd sur le bord de l’invisible
Rouergue
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 16 euros ; 44 p.
ISBN: 978-2-8126-1648-8