14 mars > Histoire littéraire France

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Eric Dussert est un de ces fous littéraires comme il n’y en a pas assez, digne émule de Pascal Pia, la référence en la matière, qu’il célèbre d’ailleurs parmi ses « écrivains oubliés ». Un fouineur érudit, passant sa vie à errer aux marges de la littérature, afin d’y dénicher quelque pépite, quelque grimoire chiné chez un libraire d’occasion. Un athlète complet du livre, coordinateur de la numérisation à la BNF, éditeur à L’Alambic (où il a publié notamment un essai de Jourde), pamphlétaire et anthologiste, et aussi chroniqueur en revues, dont Le Matricule des anges, où il sévit depuis 1993. Vingt ans de portraits, qu’il a rassemblés en un fort volume.

Classés par ordre chronologique selon leur date de naissance, les oubliés de Dussert vont de Bernard de Bluet d’Arbères - poète analphabète né en 1566 en pays de Gex, qui eut son heure de gloire à Paris puis s’est laissé mourir de faim à l’âge de 40 ans, et dont on peut lire, sur Gallica, les Intitulations - jusqu’à Michel Ohl, né en 1946, disciple de Kessel confit dans l’alcool, dont il sort parfois pour quelque fulgurance. Parmi les autres, si certains sont des inconnus absolus, plus on se rapproche dans le temps et plus d’autres noms nous sont familiers : Alphonse Karr, Aurélien Scholl, Jean Richepin, Rémy de Gourmont, Félix Fénéon, Maurice Dekobra, Loys Masson ou Pascal Pia, déjà cité, ne sont pas des inconnus, ni des oubliés. Ou alors tant d’autres le sont aussi. Les critères de sélection d’Eric Dussert étant que ses écrivains n’aient pas été réédités « depuis plus de cinquante ans » - ce qui n’est pas exact pour certains, ni pour les vivants - et qu’« un texte au moins mérite qu’un lecteur d’aujourd’hui s’emballe », et à condition de pouvoir trouver ledit livre. Bon prince, Dussert fournit, à la fin de chacune de ses notices, quelques indications bibliographiques. Logique, puisque son objectif est de « renverser des préjugés », de donner envie au flâneur dans sa forêt de « lire un auteur qu’il ignorait jusque-là ». Mission accomplie : il faut, par exemple, redécouvrir Valentine de Saint-Point (1875-1953), aventurière scandaleuse et apôtre de « la surfemme », son Manifeste de la femme futuriste, réédité chez Mille et une nuits en 2005, et son Manifeste de la luxure, qui mériterait de l’être.

J.-C. P.

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