A l'Old Bailey, la cour pénale de Londres, la foule s'est amassée pour assister au procès de la « mulâtresse sanguinaire ». Accusée du double meurtre de ses maîtres, l'éminent physicien George Benham et son excentrique épouse française, Marguerite, la domestique noire semble condamnée d'avance. Nous sommes dans l'Angleterre de Jane Austen et les préjugés vont bon train. Il faut dire que les faits ne plaident pas en sa faveur : on a retrouvé le couteau à viande parmi les effets des Benham. Séductrice, dépravée, la pire des manipulatrices. La presse s'en donne à cœur joie. Frannie Langton livre sa propre version qui ne se révèle pas tant histoire de crime que d'amour. Quoique, au commencement, crime il y eût : celui d'être née. Frannie naquit esclave en Jamaïque sur une plantation de cannes à sucre et c'est en tant que « cadeau » fait à l'homme de sciences émérite qu'elle débarque à Londres en 1826. Quant à l'amour, Frannie aimait « Madame ».
Dans Les confessions de Frannie Langton, Sara Collins nous plonge dans la torpeur des Caraïbes et les ténèbres des rues du Londres prévictorien, l'avocate de formation, dont c'est ici le premier roman, nous fait tourner les pages grâce à une plume alerte et précise, on palpite au rythme du cœur affolé d'une jeune femme jouet des désirs d'autrui, captive d'un passé dont elle subit les séquelles. Si l'ombre abrite de l'ardeur du soleil, elle est surtout ce qui cache la vérité de l'homme : elle gît en son âme-volonté de dominer et d'opprimer, elle est sa vérité cachée. Friande de littérature »gothique« , la fiction d'épouvante anglaise du XIXe siècle, Sara Collins s'interrogeait sur l'absence d'héroïne noire, voilà qui est fait, et de main de maître.
Les confessions de Frannie Langton - Traduit de l’anglais par Charles Recoursé
Belfond
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 21,90 euros ; 400 p.
ISBN: 9782714479846