Dans le sillage du mouvement #metoo et de l’affaire Weinstein, le photographe s’était retrouvé sous le feu des critiques. En novembre 2017, dix-huit femmes l’accusaient de viol ou d’agression sexuelle dans les pages du quotidien suédois Dagens Nyheter. Huit personnes avaient alors porté plainte. Une seule procédure avait débouché sur un procès. Le scandale avait provoqué une crise inédite au sein du comité Nobel avec lequel le Français entretenait des liens très étroits, au point d'être parfois considéré comme le "19e membre".
Conflit d'intérêts
Marié à l’académicienne Katarina Frostenson, Jean-Claude Arnault dirigeait le Forum de 1989 à 2017, un club littéraire de Stockholm où se retrouvent les intellectuels suédois. Une enquête portant sur les financements accordés par l’Académie à l’établissement diligenté à la suite des accusations contre le Français avait dévoilé que sa femme se trouvait dans une situation de conflit d’intérêts.
Ces révélations avaient poussé plusieurs membres de l’institution suédoise à démissionner de leur poste, en signe de protestation ou pour manifester leur solidarité avec les victimes de Jean-Claude Arnault. Cette vague de départ avait eu pour conséquence de priver l’Académie du quorum nécessaire à son bon fonctionnement, ce qui avait contraint les sages à repousser d'un an l’attribution du prix Nobel de littérature 2018.
En juillet, Livres Hebdo rapportait que ces événements avaient provoqué "une guerre des clans" entre les soutiens et les détracteurs de Katarina Frostenson, malgré une tentative de médiation pour arriver à une sortie de crise. Le peuple suédois avait même réagi en descendant dans la rue le 19 avril 2018, pour faire part de son inquiétude. Jean-Claude Arnault a quant à lui toujours clamé son innocence.