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Nicolas Carreau : « Quand j’écris, c’est l’hyper fiction »

Nicolas Carreau - Photo Patrice Normand

Nicolas Carreau : « Quand j’écris, c’est l’hyper fiction »

Après plusieurs nouvelles et essais, l’animateur d’Europe 1 revient avec son premier roman, "Un homme sans histoires". Un ouvrage de course-poursuite à travers les continents en librairie le 16 mars chez Lattès.

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Par Pauline Gabinari
Créé le 01.03.2022 à 17h57

Après avoir chroniqué, aimé et lu des centaines d’histoires, Nicolas Carreau publie la sienne le 16 mars. Bien loin du récit autobiographique, le journaliste nous plonge dans une fiction totale, celle d’un homme à la vie extraordinaire malgré lui. Un homme sans histoires est à paraître chez Lattès le 16 mars.

Votre roman s’intitule Un homme sans histoires, quel est le sens de ce titre ?

Un homme sans histoires c’est un homme sans ennuis, sans problèmes comme Henri, mon personnage principal. La religion d’Henri est de s’ennuyer, de fuir l’extraordinaire de peur du désagrément. Son ennui est clame, doux pas du tout morose, c’est un choix. Et pourtant, l’aventure va s’imposer à lui.

D’une certaine manière, c’est donc en devenant un homme avec des histoires qu’Henri prend de l’ampleur ?  

Pas vraiment ... Ce que j’essaie de montrer dans le livre, c’est qu’aujourd’hui il faut toujours avoir une bonne histoire à raconter quitte à la créer artificiellement. On est obligé d'être dans une sorte de spectacle permanent mais des fois on n’a rien sous la main alors, pour éviter l’ennui on va créer le chaos pour faire émerger une histoire quoi qu’il en coute.  

À la façon d’un conte philosophique, est-ce la morale de votre roman ?

Il n’y a pas de message politique dans ce livre, que du roman pur. Quand j’écris, c’est l’hyper fiction. Sans tomber dans le réalisme magique, j’aime passer ce contrat de la fiction avec le lecteur où l’on se dit « voyons où l’imagination nous mène et amusons-nous ! ». D’ailleurs, j’aime beaucoup cette phrase d'Hemingway qui dit « si vous voulez faire passer un message, envoyer un télégramme. »

En tant que chroniqueur littéraire, vous voyez passer beaucoup d’ouvrages. Selon vous, la fiction pure n’a plus une place de choix dans le spectre littéraire français ?

En France, on a toute la tradition 19ème siècle de la fiction pure, avec les grands romans comme Les mousquetaires et Les misérables. Après, on est passé à la période du nouveau roman qui a été un véritable laboratoire de style. Aujourd'hui on a basculé sur l’auto fiction et l’histoire vraie. Je crois qu'on a un peu abandonné la fiction pure aux américains comme McMurtry.   

Pourquoi la fiction est aussi importante pour vous ?

Pour fuir les clichés ! Le cliché du premier roman est qu’il est en partie autobiographique. Aussi, Un homme sans histoires est mon premier roman publié mais pas mon premier écrit. Cela fait 20 ans que j’écris des romans et des nouvelles avec lesquelles j’ai gagné un prix au salon du livre de Rennes. Je me suis déjà exercé, je n’ai plus ce truc du primo-romancier de me dire « il faut absolument que je sorte ce truc de moi ».

Cela fait quasiment quinze ans que vous êtes journaliste à Europe 1. Aujourd’hui vous êtes notamment l’animateur de deux émissions littéraires sur la chaîne. Vous sentez-vous dirigé dans vos choix éditoriaux depuis que la chaîne est passée sous le contrôle de Bolloré ?

Je me sens complètement libre dans mes choix. Cette liberté totale est la condition de mon métier. Si un jour quelqu’un m’impose tel ou tel invité, j’arrête.

De par votre métier vous êtes également au contact d’une myriade d’ouvrages. Pour vous il y a-t-il surproduction dans le monde du livre ?   

C’est vrai qu’au quotidien je remarque une réelle surabondance de livres. J’en reçois entre 10 et 15 par jours, c’est impossible de tout lire… Toutefois, je crois que cette surabondance est l’affaire des éditeurs. C’est le rôle de l’éditeur de filtrer, celui des écrivains est d'écrire. 

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