Je ne sais pas pourquoi, mais je pense toujours aux perdants. C’est une réflexion post-soirée des Cesar. Il s’agit presque d’une aspiration par le vide. Au lieu d’écouter le discours du lauréat, je ne cesse d’imaginer les discours potentiels des autres nominés (qu’on n’entendra donc jamais). Je me focalise sur ce qui n’existe pas. Quelque part, c’est une névrose assumée de la vie parallèle. C’est pareil en football : je supporte le PSG, mais je n’aime pas l’idée de voir l’O.M. perdre. En politique, cela va de même : pour cette campagne électorale, ma seule pensée va au futur grand perdant. Je sais que le soir du deuxième tour, même si l’élection va dans le sens de mes convictions, j’aurai le sentiment réel du quinquennat qu’on ne connaîtra pas, et une focalisation sur le visage de l’échec. Quelque part, Bayrou symbolise ce fantasme de ne décevoir personne. Il est l’idée qu’on n’aime pas tant que ça les luttes : c’est l’homme des fatigués ; souvent, quand je dors, j’hésite entre la droite et la gauche, je me tourne d’un côté puis de l’autre, sans cesse : je voterai pour le candidat qui me dira de quel côté dormir. Pendant la remise des Cesar, j’ai vu deux de mes camarades écrivains : Olivier Adam, et Clémence Boulouque. Le premier était nominé pour l’adaptation de son livre Je vais bien, ne t’en fais pas , superbe film porté par des acteurs d’une rare justesse. Deux d’entre eux ont été récompensés, et ce fut les deux grands moments de la cérémonie. Mélanie Laurent nous a plongé dans l’émotion amoureuse en le partageant avec Julien Boisselier (attention à ne pas trop nous arroser de votre bonheur). Et Kad Mérad qui est mon acteur fétiche actuel (je l’ai adoré dans un film que personne n’a vu (c’est peut-être pour compenser que je l’ai vu plusieurs fois) : J’invente rien … un film où il joue un inadapté social qui revit aux yeux des autres en inventant « la poignette », un bout de bois qui permet à ceux qui font les courses de ne pas se cisailler les doigts avec un sac plastique… bon d’accord, c’est un sujet pour moi)… Et donc Olivier Adam était nominé pour l’adaptation de son roman. Beau hasard : alors que je pensais à sa présence aux Cesar le soir-même, je l’ai croisé dans la rue. Il était tout angoissé (l’idée du costume ?). Il m’avoua ne plus trop aimer son livre, mais être content de l’adaptation. Je pensais sincèrement qu’il aurait le Cesar, mais que peut-on faire face à D.H.Laurence (déjà, face à une Laurence tout court, c’est dur.) ? Je ne sais pas s’il était déçu de ne pas l’avoir, ou soulagé de ne pas avoir à monter sur scène. De toutes façons, une soirée aux Cesar ne vaut que pour son placement dans la salle : près de quelle actrice était-il ? Clémence Boulouque était présente, mais le documentaire de William Karel, La fille du juge , film fort, intense, insoutenable, a été battu par le potache Dans la peau de Jacques Chirac qui est une compilation sans grand intérêt de toutes les images d’archives de Chirac qu’on connaît déjà tous. C’est assez peu compréhensible, mais après tout, dans un palmarès où Isabelle Mergault a eu le Cesar du premier film, tout est possible (il me semblait que 13 était assuré de l’avoir.) Et incroyable ironie : l’histoire de la fille du juge Boulouque battue par Chirac. On se croirait de retour dans les années 80. Déjà que Chirac a frôlé le prix Nobel, faudrait pas pousser trop loin tout de même. J’ai l’impression que les gens vont de plus en plus l’aimer. A ce rythme-là, il n’est pas exclu qu’il se représente en 2012. C’est mon sentiment du jour. Certes, j’écris un dimanche matin, et Emilie Simon adoucit mon cerveau. Et je suis fatigué, car j’ai tourné toute la nuit sur mon oreiller. 3 vœux de :
Clémence Boulouque :
1/ La fin du conflit israélo-palestinien.
2/ Que les régimes de cette région cessent donc d’instrumentaliser cette région (soit dit en passant, si mon vœux se réalise, ils vont être bien embêtés pour détourner l’attention de leur population de leurs vrais problèmes).
3/ Que les méchants crabes cessent de manger les bonnes personnes (ça c’était si la fée pouvait me ramener l’autre fée qui est partie cette semaine : Brigitte Benderitter).