Un jour du début des années 1980, dans le petit village de la Costa Blanca où elle vivait retirée en s'efforçant de s'imaginer un destin de romancière, la journaliste madrilène Clara Sánchez apprit que l'un de ses voisins, riche entrepreneur en travaux publics de son état, était en fait un ancien nazi. Gerhard Bremer, un SS qui s'était "illustré" sur les fronts de l'Est et des Balkans. Elle y pensa et puis elle l'oublia. Jusqu'à ce qu'un quart de siècle plus tard, cette histoire lui revenant forme la trame de son neuvième roman (un fut traduit en français, Un million de lumières, Quai Voltaire, 2006), Ce que cache ton nom, et que un prix Nadal plus tard et plus de 500 000 exemplaires vendus entre l'Espagne, et surtout l'Italie, Clara Sánchez devienne la nouvelle "wonder girl" du paysage littéraire ibérique...
De quoi s'agit-il ? D'un curieux et épatant thriller mélancolique, sur fond de station balnéaire déserte, de vengeance et d'éducation sentimentale. Sandra, une jeune femme enceinte de quelques mois, s'est réfugiée dans une bicoque que lui prête sa soeur, non loin de la plage de Danium, afin de réfléchir au tour qu'elle entend donner à sa vie. Elle ne tarde pas à faire la connaissance de Karin et Frederik, un couple de vieux Norvégiens, serviables, attentifs et épris l'un de l'autre comme aux premiers jours. Mais sa vision des doux vieillards changera lorsque Julian, un vieux combattant républicain espagnol, lui dévoilera leur véritable identité et le sens de sa présence à Danium...
Clara Sánchez mène son affaire avec un art éprouvé du suspense psychologique. Elle dit : "Je n'ai qu'un thème : nous ne sommes jamais tout à fait ce que nous paraissons." Elle l'écrit encore mieux en associant à cette duplicité des êtres celle des lieux, et en instillant ainsi un trouble, un climat d'angoisse. En matière d'inquiétude et de pas de côté hors de la normalité, Sánchez est une orfèvre. Il reste aux lecteurs français à la découvrir sans tarder.