Kurt Vonnegut est parti deux ans après la publication de son « ultime livre » , L’homme sans patrie, nouvelle acide sur la société américaine et son gouvernement. Il laisse derrière lui une œuvre prolixe, toujours fidèle à ses engagements, d’un Américain « indigné de ce que devient ce pays ». Gourou des campus U.S. lors des grands débats des années 60, 70, suite à l’intervention américaine au Vietnam, Kurt Vonnegut a marqué l’Amérique de ses contestations, durant plus d’un demi-siècle.

Marqué par sa propre expérience de la 2^nde Guerre mondiale, lors de laquelle il a pu survivre au bombardement de Dresdes en trouvant refuge dans une cave faisant office d’abattoir, Kurt Vonnegut n’a cessé de traduire la bêtise des armes et du sang dans une dizaine de romans mêlant autobiographie et science-fiction.

C’est avec Abattoir 5, la croisade des enfants, best-seller publié en 1969, que l’auteur accède à la célébrité. Nommé membre du National Institute of Arts and Letters, le succès ne le quittera plus dès ce moment. Chacun de ses romans s’érigera systématiquement en best-seller outre-Atlantique. Si sa renommée ne rencontre pas tout à fait le même écho en France, le Seuil a publié six de ses romans depuis 1972. Les éditions Denoël et Grasset compte également chacune deux livres de l’auteur américain dans leur collection.

Né le jour anniversaire de l’armistice, Kurt Vonnegut n’apparaissait pas tout à fait comme un patriote modèle au regard des élites politiques. Avec la perte de ce porte-parole des contestataires, il manquera pourtant une pierre à la démocratie américaine.