Jeunesse

Montreuil : c'est reparti pour trois ans

Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine-Saint-Denis, qui se tiendra à Montreuil du 30 novembre au 5 décembre. - Photo OLIVIER DION

Montreuil : c'est reparti pour trois ans

Un temps menacé, le Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine-Saint-Denis a retrouvé in extremis ses principaux sponsors. Du coup, l'équipe a pu replonger dans ses chantiers innovants, dont une journée « tablettes » pour le prochain Montreuil, le développement du Mipi et la création d'une Ecole du livre pour la jeunesse.

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Par Claude Combet
Créé le 12.02.2016 à 19h00 ,
Mis à jour le 15.02.2016 à 16h16

Sylvie Vassallo, la directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine-Saint-Denis (SLPJ 93), est soulagée. L'avenir du Salon du livre de Montreuil est garanti pour les trois années qui viennent. Lourdement endetté, son principal contributeur, le conseil général de Seine-Saint-Denis, a fini par accorder sa subvention habituelle, la plus importante - 1, 6 millions d'euros - sur un budget total de 3,7 millions, et s'est même engagé pour trois ans (jusqu'en 2013). Parallèlement, la nouvelle maire de Montreuil, Dominique Voynet, a montré son attachement au salon en décuplant le montant de la subvention municipale, qui passe de 10 000 à 100 000 euros. Tandis que la Ville de Paris, la Région Ile-de-France, le Centre national du livre et le ministère de l'Education nationale maintiennent leurs partenariats. Mais la partie a été chaude car le salon était gravement menacé depuis l'automne dernier. "L'argent du conseil général fixe le Salon de Montreuil, explique Sylvie Vassallo. Il nous permet aussi de pérenniser nos activités comme la formation des bibliothécaires et des enseignants ou la médiation littéraire."

Photo OLIVIER DION

Un climat plus serein

C'est donc dans un climat plus serein que se tiendra, du 30 novembre au 5 décembre, le prochain Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, qui aura pour thème le cirque. Cette nouvelle solidité financière permet à sa directrice d'assurer simultanément les actions menées par l'association (qui gère la manifestation) tout au long de l'année : expositions, malles de livres pour les tout-petits, actions directes en faveur du grand public, juke-box des ados et autres, qui touchent ainsi 50 000 jeunes.

Montreuil 2011 se déroulera selon de nouvelles modalités. Le contrat de trois ans qui liait la manifestation à Reed Exhibition étant arrivé à échéance, le bureau de l'association a souhaité reprendre en interne la commercialisation des stands, pour laquelle Malika Kaci, venue de chez... Reed, a été embauchée. "Le commercial était l'unique partie déléguée. Nous sommes désormais organisateurs à 100 % de la manifestation, depuis la programmation jusqu'à la communication, la presse et les relations publiques, en passant par l'organisation technique, la scénographie, la direction artistique et le montage", souligne Sylvie Vassallo, qui tient à préciser que cette décision est un test "qui n'engage pas l'avenir". "Nous avons juste clarifié l'offre et développé un certain nombre de services comme le marché international ou les pôles thématiques, ajoute-t-elle, afin de se rapprocher des exposants et répondre de façon plus rapide et plus précise aux demandes des éditeurs." Si le prix des stands est resté le même, le "droit d'entrée" a d'ores et déjà diminué pour les exposants.

Pour Sylvie Vassallo, il s'agit avant tout de montrer le dynamisme de la manifestation, qui fête sa 27e édition, et sa capacité à innover. "Plus proche de la création", le salon proposera, en réorganisant ceux qui existaient déjà, six pôles thématiques, mis en valeur par la scénographie : le cinéma d'animation, la BD, l'art, la presse, les adolescents et les littératures du monde. Ce dernier se décline d'une part en une "Escale Mexique" avec dix auteurs et illustrateurs mexicains invités, et d'autre part en un "Espace européen" où seront présents vingt auteurs, illustrateurs et cinéastes européens. Le salon a d'ailleurs reçu pour l'Espace européen le label de la Commission européenne (également accordé au Festival d'Avignon ou à celui d'Aix-en-Provence), pour une durée de trois ans. Les éditeurs pourront à loisir y organiser des conférences, exposer leur catalogue ou mettre en avant une collection.

Sylvie Vassallo entend aussi développer le rôle professionnel de Montreuil. Testé en 2010, le Mipi, le Marché international et professionnel de l'image, sera abrité dans la nouvelle salle du 4e étage, très chic, un peu à l'écart du brouhaha des stands. Editeurs français et étrangers, producteurs de cinéma et de télévision, auteurs, illustrateurs, étudiants des écoles de cinéma d'animation et développeurs s'y rencontreront.

Défi aux développeurs

Avant le salon, le SLPJ 93 lancera un défi aux développeurs : créer une petite application pour un livre numérique sur tablette. Leurs créations seront montrées le mercredi, jour consacré aux démonstrations numériques, tandis que le jeudi et le vendredi sont destinés aux échanges de droits, et le lundi, comme cette année, est une journée vouée à la formation sur le thème "De la page à l'écran". "Il faut se positionner rapidement. Les développements numériques offrent de nouvelles possibilités de narration très complémentaires du papier, assure Sylvie Vassallo. C'est l'objectif de cette journée, qui se doit de répondre aux interrogations de la profession sur la création, le droit d'auteur, les cessions de droits."

Un prix Ovni

Du côté des prix (1), deux nouveautés sont annoncées, le prix de la Nouvelle avec l'hebdomadaire L'Etudiant (qui devient partenaire de la manifestation) et un prix du Livre numérique. Les Tam-Tam, en partenariat avec Bayard Presse, se recentrent sur le Tam-Tam J'aime lire toujours décerné en mai, avec une sélection élargie et davantage de classes et de villes participantes. Montreuil décernera toujours son Baobab de l'album, le prix de la Presse des jeunes, le prix du Premier Album (avec l'Association des librairies spécialisées jeunesse), le prix A l'abord'art (du livre d'art pour la jeunesse), le prix Terre en vue (du développement durable), et rebaptise le Coup de coeur de l'équipe, remis l'an dernier pour la première fois, en prix Ovni, "parce qu'il sort de l'ordinaire".

Mais Sylvie Vassallo pilote à Montreuil un autre grand chantier : celui de l'Ecole du livre de jeunesse, qui ouvrira en septembre au rez-de-chaussée des locaux actuels du SLPJ 93, rue François-Debergue, avec l'aide de la Caisse des dépôts et consignations. "Notre métier est avant tout la médiation. L'école aura un rôle de formation pour les formateurs et d'accueil des familles", précise Sylvie Vassallo, qui précise : "Nous ne voulons pas nous substituer aux nombreuses associations qui travaillent sur le livre de jeunesse, et nous n'ajouterons pas d'actions à celles que nous accomplissons déjà pendant toute l'année." Elle cite en exemple les 4 000 enfants et parents, éloignés du livre "pour des raisons financières, symboliques ou linguistiques", que le salon a accueillis depuis cinq ans. Des lectures par des comédiens, des clés pour choisir les livres, des rencontres avec les illustrateurs leur sont ainsi proposées "pour qu'ils se sentent à l'aise pendant le salon". "Nous cherchons à inventer de nouvelles formes de rencontres, appuie-t-elle, des ateliers autour des abécédaires, des présentations d'ouvrages en langue étrangère pour aider le bilinguisme. Nous voulons montrer que toute la richesse qui se crée au moment du salon peut nourrir une vie autour du livre de jeunesse tout au long de l'année."

(1) Voir aussi Livreshebdo.fr > Actualites > Prix.

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