2 novembre > Chansons Etats-Unis > Bob Dylan

Même s’il a écrit quelques livres, dont le passionnant Chroniques : volume I, paru en 2005 (Fayard) et dont on attend toujours la suite, c’est évidemment à ses chansons que, depuis le début des sixties, Bob Dylan doit son statut de poète, d’icône de notre époque, et donc son prix Nobel de littérature surprise, en 2016. Cette reconnaissance et cet honneur ne l’ont pas bouleversé outre mesure. Il a même paru, au début, prendre la chose avec désinvolture.

Voici donc l’intégrale chronologique de ses chansons, album par album (plus quelques bonustracks), de 1961, Bob Dylan, jusqu’à Tempest, sorti en 2012, paroles originales avec leur version française en regard, due à pas moins de trois traducteurs. Il fallait bien ça. Outre l’ampleur de l’œuvre, plus de 400 chansons, il y a sa complexité, ses raccourcis, ses références, pas toujours aisés à rendre. Même les titres. Le fameux Mr. Tambourine man ne gagne pas grand-chose à se retrouver transformé en Hé, l’homme au tambourin. Pourquoi pas Monsieur Tambourin ? Ceci mis à part, c’était un travail titanesque et nécessaire, afin que les admirateurs de Dylan qui ne sont pas bilingues (il y en a) découvrent enfin le sens exact de ses lyrics. Côté références, on notera que le volume s’achève symboliquement sur Roll on John (Roule, John), très bel hommage à Lennon truffé de clins d’œil aux chansons des Beatles que Dylan, visiblement, connaît par cœur.

Des hommages, musicaux et littéraires, Dylan en rend aussi dans son Discours à l’Académie suédoise, lu à l’origine par son amie Patti Smith : le maître était en tournée… D’abord une pensée pour Buddy Holly, chez qui, dit-il, il a appris son métier. Ensuite, après avoir tenté d’expliquer le lien entre ses chansons et la littérature, il célèbre les trois œuvres majeures qui ont influencé son écriture : Moby Dick, "une légende marine", A l’ouest rien de nouveau, "une histoire d’épouvante", et L’odyssée, "une étrange légende". Sans prétention, le nouveau prix Nobel, tel un aède moderne, revendique l’oralité de son œuvre, ces chansons "vivantes au pays des vivants". Pas si mal, pour un lonesome hobo. J.-C. P.

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