L'auteur sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a reçu le Grand prix du roman métis, remis mardi 1er décembre à Saint-Denis de La Réunion, pour son premier roman Terre ceinte paru aux éditions Présence africaine, indique l'AFP.
Cette première œuvre du jeune auteur, âgé de 25 ans, fait écho à l'actualité des derniers jours. A Kalep, ville du pays imaginaire de Sumal, désormais contrôlée par le pouvoir brutal des islamistes, deux jeunes sont exécutés pour avoir entretenu une relation amoureuse. Pour lutter, des habitants se réunissent dans le sous-sol d’un bar et créent un journal clandestin, défiant ainsi le chef de la police islamiste.
Mohamed Mbougar Sarr aborde ainsi la question de l'intégrisme religieux et lance une réflexion sur la parole et le silence face à la menace terroriste. Il s'intéresse surtout à la complexité des sentiments vécus par les habitants qui vivent sous cette occupation et à leur façon de survivre. L'auteur a puisé son inspiration dans les événements qui se déroulaient au Mali en 2012 et 2013, avec l'occupation de différentes factions jihadistes. "J'ai attendu que le sujet s'impose à moi, qu'il m’obsède", a-t-il expliqué au moment de recevoir son prix. Si "l'état d'occupation", selon lui, "détruit énormément", "c'est aussi dans ces moments que l'humanité s'exprime de la façon la plus crue, à la fois dans la violence et dans l'espoir". Mohamed Mbougar Sarr avait déjà reçu le prix Ahmadou Kourouma pour Terre ceinte en mai 2015 au Salon du livre de Genève.
Créé en 2010 par la ville de Saint-Denis de La Réunion et porté par l'association La Réunion des livres, le Grand prix du roman métis récompense un roman francophone paru depuis moins d'un an et mettant en lumière des valeurs d'humanisme, de métissage et de diversité. L'an dernier, il avait été décerné à In Koli Jean Bofane pour Congo Inc. (Actes Sud).