Au départ, une énigme irrésolue : la disparition près de Manchester de Julie Rouane, 17 ans, un jour de juillet 1994. Un classique polar ? Le cinquième titre de Nina Allan, traduit chez Tristram, contient en fait plusieurs livres en un : il y a le récit de ceux qui l'ont cherchée, attendue, pleurée. Sa cadette de trois ans Selena en particulier, et ses parents - le couple déjà fragile n'a pas résisté à l'épreuve. Et puis, l'histoire détaillée que livre l'ex-adolescente à sa sœur lorsqu'elle réapparaît vingt ans plus tard : sa vie auprès d'un frère et d'une sœur qui l'ont recueillie amnésique... sur une autre planète. Que s'est-il passé réellement ? Quel traumatisme cachent ces élucubrations ? Cette jeune femme est-elle bien Julie ? Peu importe au fond, semble dire la romancière britannique, qui construit un monde de science-fiction d'une implacable cohérence, avec son histoire et sa géographie (un des personnages est cartographe), ses règles de vie et ses mythologies, tout en naviguant avec souplesse d'un bord à l'autre de cette Fracture, comme une faille de l'espace-temps. Impossible à assigner à un genre puisqu'elle les maîtrise tous, l'auteure de Stardust (2015) mérite bien ce grand prix de l'Imaginaire décerné en 2014 à son recueil de nouvelles Complications.
Nina Allan
La fracture - Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Bernard Sigaud
Tristram
Tirage: 3 200 ex.
Prix: 23,90 euros ; 416 p.
ISBN: 9782367190716