Pour fêter le 70e anniversaire de l'Arche, la maison qu'elle dirige, Claire Stavaux a décidé d'ouvrir ses portes à l'oralité. « J'ai créé une nouvelle collection qui honore des formes d'expression telles que le rap ou le spoken word dans ce qu'elles ont de vivant, dans leur capacité à renouer avec des rythmes antiques », explique-t-elle. « Des écrits pour la parole » survient alors que cet éditeur indépendant, spécialisé dans le théâtre et les sciences humaines, est en pleine réorganisation, suite à son rachat il y a deux ans. Claire Stavaux, normalienne et ancienne traductrice, a en effet repris cette maison, qui publie une vingtaine de nouveautés par an, diffusées par les Belles lettres, et a proposé dès l'automne 2017 Les nouveaux anciens de la rappeuse Kate Tempest, vendu à plus de 3 000 exemplaires (source GFK). Ce texte a donné l'impulsion à cette nouvelle collection. « Depuis, nous avons reçu encore plus de textes de ce type avant-gardiste. Il y a une urgence de nos jours à vouloir s'exprimer avec les tripes », poursuit la trentenaire.
Polices de Sonia Chiambretto est paru en mars, suivi le 18 octobre de Ce qu'il faut dire de Léonora Miano. Deux autres sont prévus l'an prochain : Gospel à Marie de la Moldave Nicoleta Esinescu puis Autobiographie du rouge d'Anne Carson, traduit par Vanasay Khamphommala. Ces moyens-formats, proposés à 12 ou 13 euros, arborent une nouvelle charte graphique illustrée. Le rechartage concerne également les titres réimprimés cette année, comme Théâtre postdramatique d'Hans-Thies Lehmann. « Nous veillons désormais à inscrire le nom du traducteur en couverture », précise Claire Stavaux, qui a aussi créé trois autres collections depuis son arrivée (« Backstage », « Les grands dramaturges » et « Jeunesse ado ») « afin de réorganiser le catalogue, composé de 800 titres ».
Les réimpressions sont courantes à l'Arche où 60 % du chiffre d'affaires provient du fonds. La maison détient les droits de plus de 1700 pièces de dramaturges tels Thomas Bernhard, Federico García Lorca ou Anton Tchekhov, mais aussi des contemporains comme Jan Fabre. La société est en parallèle, depuis la fin des années 1980, une agence théâtrale, qui représente une centaine d'auteurs dont douze nouvellement arrivés telle la dramaturge afro-américaine Sonia Sanchez qui vient de publier Prochain arrêt le Bronx. Isabel Contreras