Dutourd. Après Philippe Castelli et Jean Yanne, les « Grosses Têtes » ont encore perdu l’un de leurs piliers historiques, et des plus drôles (même si l’âge l’avait déjà éloigné des studios de RTL depuis trois ans). Dans le flot d’hommages qui ne va pas manquer de déferler (Dutourd, c’était, par excellence, le réac que tout le monde avait envie d’aimer…), je voudrais juste rappeler cette petite perle qui ouvrait le numéro 29 (hiver 2006/2007) de La Revue littéraire publiée par Léo Scheer. Dans un texte d’une trentaine de pages, intitulé Un début dans la vie (titre balzacien s’il en est), Jean Dutourd évoquait la quinzaine d’années qu’il passa, de 1950 (il avait 30 ans) à 1966, comme employé de la NRF. Chargé de rédiger les quatrièmes de couverture, il se vantait d’avoir acquis une certaine "virtuosité dans l’art mineur de la prière d’insérer" . Mais son texte était avant tout un brillant décryptage, parfois très drôle, du fonctionnement courtisan de la rue Sébastien-Bottin. Et il brossait un portrait savoureux de la standardiste de l’époque, Geneviève, qui, "lorsqu’elle répondait au téléphone, avait l’oreille absolue des grands musiciens" et reconnaissait instantanément qui "M’sieur Chardonne" , qui "M’ame de Beauvoir" . Je lui avais demandé s’il envisageait de développer ces 30 pages pour en faire un livre. L’idée l’avait traversé, mais il n’était pas sûr de la mettre à exécution, tant il était convaincu qu’il vaut «  toujours mieux faire court  ». Espérons qu’il se sera ravisé, et qu’on trouvera une version longue de ce texte dans ses tiroirs. (voir aussi actualité sur le décès de Jean Dutourd )     Mediator. Je reviens sur un petit reportage de France 3 Alsace, diffusé juste avant Noël. La journaliste avait visité les librairies de la ville, pour savoir ce qu’il en était de la diffusion de l’ouvrage Mediator, combien de morts ? (je reprends bien sûr ici son titre d’origine, non censuré). Dans une première librairie (les noms des enseignes n’étaient pas cités), le libraire expliquait en avoir commandé 100 exemplaires, et en avoir déjà écoulé 50. Dans une autre, de taille plus modeste, le libraire avouait n’avoir pris aucun exemplaire, et se justifiait ainsi : «  On est ric-rac. Nous n’avons pas les moyens d’accepter des livres de petits éditeurs, alors qu’il n’y a pas de possibilité de retour. Et puis, ça va intéresser qui ?  » Je vous laisse imaginer la stupeur, devant ces propos, de l’éditeur en question, Charles Kermarec, par ailleurs lui-même libraire à Brest, ville dont le CHU peut aujourd’hui s’enorgueillir (enfin, on espère) de compter Irène Frachon parmi son personnel. «  Ça dépasse le cas du libraire strasbourgeois, et celui du Mediator, même si je suis persuadé qu’on ne peut pas se dire libraire quand on ignore un livre censuré  », m’explique Charles Kermarec par mail. Et d’ajouter : «  Ce pauvre garçon est complètement dépassé, mais il n’est pas tout seul. Il n’y a que 21% des libraires adhérents à Datalib qui ont ce livre en stock. Il a été introuvable pendant des semaines à Paris (amazon s’est régalé). Si encore c’était un cas unique, on parlerait de dysfonctionnement et basta. Mais des centaines de livres importants ne trouvent pas de libraires pour les vendre. C’est l’indice d’un système à bout de souffle  ». Evidemment, quand on engorge les librairies avec 20 000 exemplaires d’ « épreuves de travail » d’une biographie d’un célèbre romancier américain mort il y a 50 ans, il y a forcément moins de place pour les vrais livres. (voir aussi actualité sur la levée de l'interdiction du sous-titre du livre )    Arthaud/PPDA. A quoi bon gloser davantage sur cette pitoyable histoire ? Un internaute a trouvé avec humour, sur le Forum des Amis de Lutte Ouvrière, le fin mot de l’histoire : «  Bravo à PPDA, qui a de plus en plus de cheveux. Il devrait divulguer l’adresse de son coiffeur.  » Voilà, tout est dit. Arthaud est vengée. Je veux bien sûr parler de Nathalie Arthaud, remplaçante d’Arlette Laguiller au poste de porte-parole de L.O. Invitée à la première de la nouvelle émission d’Arte, « L’avis des autres », animée par PPDA, elle n’avait pu parler que 4 minutes en 2 heures d’émission. D’où l’ironie des militants de l’organisation. Bon, d’accord, cette histoire se passait au printemps 2009. L’émission, elle, n’a tenu que six numéros. Mais PPDA a toujours autant de cheveux. Quel homme ! Moi, à sa place, je me « ferais des cheveux » — c’est-à-dire que j’en perdrais… (voir aussi actualité sur la réponse d'Arthaud aux accusations de plagiat )
15.10 2013

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