Maurice Pons touche à plusieurs métiers - comédien en amateur, journaliste, éditeur - avant de se retirer en 1957 au Moulin d'Andé, résidence d'artistes et centre culturel, où il s'est éteint paisiblement cette nuit. Il écrit Le cordonnier Aristote, roman autobiographique et subversif, en 1958, Le passager de la nuit, récit sur la guerre d'Algérie, en 1960 (il signe par ailleurs le manifeste des 121, contre cette guerre) et Les saisons, en 1965 (Christian Bourgois). Considéré comme son chef d'œuvre, cette fable romanesque et cauchemardesque, inclassable est régulièrement rééditée. Les initiés lui vouent un culte atemporel. C'est à cette époque qu'il a quitté les habits de jeune ambitieux de la littérature, plutôt de droite, pour devenir un écrivain engagé très à gauche et épris de justice.
Chez Christian Bourgois, il publie également Chto! (1970). Maurice Pons est aussi édité par Denoël (Rosa, 1967, La passion de Sébastien N., 1968, Mademoiselle B., 1973, Douce-amère, 1985), Mercure de France (La psychiatrie à visage ouvert, livre d'entretiens avec Cyrille Koupernik, 1979), Quai Voltaire (Le Moulin d'Andé, 1992, Souvenirs littéraires et quelques autres, 1993), ou encore Caligramme (La dormeuse, 2001). Le Dilettante réédite aussi certains de ses livres et publie Délicieuses frayeurs en 2006. Ses récits sont courts, délicats mais acides, entre situations cocasses et itinéraires dramatiques.
Parfois scénariste et dialoguiste pour le cinéma, il a surtout été reconnu comme un grand traducteur de Tennessee Williams, Arthur Miller, Jonathan Swift et Norman Mailer, entre autres.
Dans son entretien en 2003 au Nouvel observateur, il reconnaît qu'il a "vraiment eu une vie complètement incohérente..." "J'ai toujours voulu être un écrivain et rien d'autre qu'un écrivain." Modeste, il ajoute: "Ecrire, c'est pour moi aligner les voyelles et les consonnes dans un certain ordre pour en faire des corbeilles de beauté."