Entretien

Marie Grégoire, P-DG de BAnQ : "Le gros chantier est celui du numérique."

Marie Grégoire est la directrice générale de BAnQ depuis le 9 août 2021. - Photo Michel Legendre

Marie Grégoire, P-DG de BAnQ : "Le gros chantier est celui du numérique."

Elle a été choisie par le gouvernement pour dirigier pendant cinq ans BAnQ, l’équivalent québécois de la Bibliothèque nationale de France. Cent jours après sa prise de fonction, Marie Grégoire revient sur les chantiers à venir et les critiques formulées à son égard lors de sa nomination.

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Par Fanny Guyomard
Créé le 11.12.2021 à 15h17

Les défis abondent, disait dans un tweet Marie Grégoire, lors de sa nomination à la tête de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Passée par le marketing et la communication (dans la firme TACT Intelligence-conseil), la politique (députée de l’Action démocratique du Québec entre 2002 et 2003), l’édition (du magazine économique Premières en affaires) et la radio (chroniqueuse à Radio-Canada), la femme de 56 ans dirige depuis le 9 août la plus grande institution patrimoniale de la province canadienne. 


Cela fait 100 jours que vous avez pris vos fonctions. Quels chantiers sont engagés ?
Le gros chantier est celui du numérique. Nous voulons que les 8,6 millions de Québécois s’approprient BAnQ, ses archives, la Grande Bibliothèque. Ils sont encore trop nombreux à ne pas avoir conscience de ce qu’on peut leur offrir sur place ou en ligne. Donc nous sommes en pleine refonte de notre site web pour simplifier l’accès à nos collections. On espère qu’il sera mis en ligne d’ici six mois.
On travaille aussi sur le dépôt légal numérique. La conservation du numérique n’est pas encore rendue obligatoire par la loi, mais on pousse en sa faveur. La refonte de la loi sur les archives doit également être modernisée - comment faire de la gestion documentaire à l’heure du numérique, est-ce que le calendrier de conservation doit-être le même, par exemple ?

Avez-vous les moyens financiers pour ce développement numérique ? Un rapport, dévoilé par Le Devoir en juillet 2021 et réalisé par Raymond Chabot Grant Thornton, tablait sur un cumul des déficits de BAnQ de 34 millions d’ici 2025 voire de 50 millions si des investissements s’avèrent nécessaires.
Effectivement, on doit réfléchir sur le sommes disponibles et celles qu’on veut demander. Pendant plusieurs années, BAnQ n’a pas vu les coûts systémiques, l’augmentation naturelle des dépenses, se combler. L’autre élément est le financement de la transformation numérique, comme la numérisation. Près de trois millions de dollars canadiens (deux millions d’euros) sont nécessaires sur cinq ans pour continuer à numériser nos collections. Nous sommes en demande auprès des instances gouvernementales.

Mieux informer les Québecois, convaincre le gouvernement financeur… Aujourd’hui, la communciation est-elle devenue l’une des principales qualifications requises pour diriger BAnQ ?
BAnQ est la banque du savoir et des connaissances du patrimoine des Québécois, donc il faut s’assurer qu’on a une capacité à communiquer ! Mais ce n’est pas que la responsabilité de la dirigeante : elle est partagée par toute l’équipe. Nous formons donc les bibliothécaires à faire de la médiation sur le web, à écrire d’une différente manière. Tous les employés sont des ambassadeurs, que ce soit sur leur lieu de travail ou sur leurs réseaux personnels.

Avez-vous eu le temps de faire vos preuves, vis-à-vis de ceux qui doutaient de vos qualifications en culture et en économie ? 
(Rires) J’ai encore mes preuves à faire et l'on jugera plus tard ! En attendant, pendant ces cent premiers jours, j’ai été reçue chaleureusement par les équipes et les professionnels de l'information que j’ai rencontrés. Nous avons beaucoup de choses en commun : la volonté de faire du Québec une société apprenante.

Votre nomination a aussi été qualifiée de partisane…
C’est clair que le poste de P-DG de BAnQ est une nomination politique. Mais j’ai fait de la politique, il y a plusieurs décennies - j’ai été élue entre 2002 et 2003 - et depuis j’ai eu l’impression d’avoir commenté la politique de manière extérieure, donc j’ai été surprise du lien qui a été fait avec ma nomination ! Ce qui m’a aussi surpris, c’est que lorsqu’on décide de faire de la politique, c’est du service public, et je pensais que le service public allait outrepasser les frontières partisanes.
 

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