A l'origine c'est un livre de Chantal Thomas. L'échange des princesses est paru au Seuil lors de la Rentrée littéraire de 2013. L'écrivain a reçu l'année suivante le Grand Prix de littérature de la SGDL pour l'ensemble de son oeuvre. Il fut décliné en poche par Points en 2014. Tous formats confondus, il s'est vendu à plus de 100000 exemplaires. Points vient de rééditer le livre fin novembre, avec l'affiche du film en couverture.

Car désormais cette histoire qui nous ramène aux débuts du règne de Louis XV est transposée sur grand écran. Le film sort en salles le 27 décembre. C'est d'ailleurs un écrivain qui l'adapte. Marc Dugain, auteur populaire qui a publié à la rentrée Ils vont tuer Ribert Kennedy (Gallimard) écoulé à 70000 exemplaires, n'en est pas à son premier film. Il avait coécrit l'adaptation de son roman, La chambre des officiers, réalisé splendidement par François Dupeyron en 2001. Il est passé derrière la caméra avec Une exécution ordinaire (Grand prix RTL-Lire) en 2010, d'après son propre roman, puis deux téléfilms, La bonté des femmes et La malédiction d'Edgar. 

L'histoire de cet Echange diplomatique se déroule de 1715 à 1725. Une idée audacieuse germe dans la tête de Philippe d’Orléans, Régent de France: Louis XV, 11 ans, va bientôt devenir Roi et un échange de princesses permettrait de consolider la paix avec l’Espagne, après des années de guerre qui ont laissé les deux royaumes exsangues. En 1721, il marie donc sa fille, Mademoiselle de Montpensier, 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne, et Louis XV doit épouser l’Infante d’Espagne, Anna Maria Victoria, âgée de 4 ans. Mais l’entrée précipitée dans la cour des Grands de ces jeunes princesses, sacrifiées sur l’autel des jeux de pouvoirs, ne se passe pas comme prévu et l'alliance des deux royaumes risquent d'être stérile.

Théâtre d'ombres

La reconstitution historique est somptueuse. Entre manigances de couloirs et ambitions des courtisans, devoirs publics et aspirations personnelles, le jeune monarque doit apprendre à exister et régner. Marc Dugain voulait montrer cette facette du pouvoir royal, cette difficulté d'occuper une telle charge pour un enfant dans un décorum où la mort rode en permanence. "Ces enfants restent debouts et dignes mais n'en sont pas moins les victimes de leur héritage déliquescent" explique-t-il. De Versailles à la cour d'Espagne, les jeux de pouvoirs s'inclinent ou dominent, selon les événements, à un "je" de l'Histoire. Chantal Thomas rappelle que ces enfants étaient des jouets, des instruments dans des plans politiques qui les dépassaient complètement. 

On retrouve dans le film ce qui fascinait dans le livre: un théâtre d'ombres où la précision des rituels et la rigueur historique révèlent le crépuscule de ces monarchies qui s'annonce.
 

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