Après avoir constaté que parler de sexe était encore "clivant" aujourd'hui, elle propose ses propres définitions, de A comme "Adoration" à Z comme "Zone" en passant par "Candaulisme", "Limérence", "Power Bottom" ou encore "Vagina Dentata".
Qu’est-ce qui vous a décidé à écrire ce livre ?
C’était un ouvrage qui m’a été beaucoup demandé, et que La Martinière a encouragé. J’étais hésitante parce que je ne savais pas finalement ce que ça pouvait apporter. Il y avait déjà beaucoup d’ouvrages sur le sujet. Je ne savais pas comment thématiser le dictionnaire. Et puis, en revoyant les termes que j’ai utilisé pour les chroniques du Monde, j’arrivais à rassembler une centaine de mots. C’est comme "un tome 2" du Sexe selon Maïa, paru l’année dernière mais qui n’a, d’un autre côté, rien à voir. J’aimerais toucher un public différent des lecteurs de mes Chroniques hebdomadaires et attirer les jeunes adultes. Je serai curieuse de connaître le profil des lecteurs de mon dictionnaire.
Pourquoi le sujet fascine tellement les gens aujourd’hui ?
Le sexe n’est plus un sujet tabou, mais il y a encore une part d’incompréhension. Tant qu’on n’aura pas réussi à produire des discours qui correspondent à ce que les gens veulent entendre, on aura une représentation très hyperbolique de la sexualité. Il y a des difficultés à communiquer sur le sujet, entre les personnes qui n'ont pas le droit de parler, celles qui ne veulent pas parler, celles qui ne comprennent pas de quoi on parle. Tout cela fait qu’on peut se sentir exclu d’une sexualité qu’on n’arrive pas à avoir.
Comment avez-vous travaillé ?
Je me suis toujours intéressée aux mots et à ce qu’ils transportaient. J’ai choppé "le virus de l’étymologie très tôt". Chez Fluctuat.net, je définissais déjà certains termes et en fournissais l’étymologie. Dans mon travail de recherche pour ce livre, j’ai étudié les mots, leur évolution et j’ai gardé les mots dont je trouvais l’histoire amusante. Si j’estime que ce n’est pas intéressant, il ne faut pas le faire.
Les illustrations sont signées Alex Viougeas. Pourquoi ne pas avoir illustré vous- même votre ouvrage ?
On s’était dit que ça pouvait être intéressant de travailler avec quelqu’un d’autre. Je communique souvent avec les illustrateurs. Je voulais trouver un professionnel pour qui l’érotisme n’était pas seulement associé au corps de la femme. Il est impératif pour moi qu’il y ait dans ses dessins une égalité homme/femme et une certaine diversité des graphismes.
Auriez-vous des lectures qui peuvent guider les lecteurs dans le domaine ?
Oui, je peux conseiller C’est mon corps de Martin Winckler, publié chez l'Iconoclaste ou encore la synthèse du podcast Les Couilles sur la table signé Victoire Tuaillon (Binge Audio). J'aime aussi Un appartement sur Uranus de Paul Preciado (Grasset). Et la réédition de l’anthologie Male nude chez Taschen.