C’est par un communiqué laconique, envoyé en catimini et avec un brin de précipitation, que la nouvelle a été dévoilée lundi 9 octobre, par le festival Lyon BD : « Depuis la rentrée, Nicolas Piccato a quitté ses fonctions de directeur pour se consacrer à d’autres projets personnels et professionnels. Il assure la transition auprès de l’équipe et de nos partenaires pour permettre la continuation des dossiers et projets dans les meilleures conditions. Un comité de direction composé de membres du bureau de l’association et de salariés assure le fonctionnement courant de la structure de manière temporaire. »
Nicolas Piccato avait été nommé à l’été 2021, en remplacement du cofondateur Mathieu Diez, parti à l’Institut français de Beyrouth. Non familier du petit monde de la BD, il avait été choisi pour son expérience internationale (Corée, Canada) et sa capacité à développer des projets culturels. Deux ans plus tard, certains observateurs de la manifestation lyonnaise n’hésitent pas à parler d’erreur de casting. Mais pas l’association organisatrice, qui ne l’a pas débarqué et lui garde confiance pour l’accompagner encore un peu. « Cet été, à ma demande, raconte Nicolas Piccato à Livres Hebdo, nous avons retravaillé l’organigramme. Car il manquait à la structure, de manière criante, un salarié solide pour gérer l’administratif, les facturations, les demandes de subvention... Or, les finances ne nous permettent plus d’être six ou sept, et ne permettent plus, aujourd’hui, d’avoir à la fois un directeur et un responsable administratif. J’ai donc proposé de me retirer, tout en souhaitant continuer à aider le conseil d’administration sur les projets internationaux. »
Une édition 2023 minimaliste
Ainsi, la crise de croissance évoquée au printemps dernier, pour expliquer une édition sans stand d’éditeurs ni événements XL comme les années précédentes, recouvrait trois réalités : une équipe exsangue suite au départ de plusieurs salariés, une focalisation – éreintante – sur l’ouverture du Collège graphique (nouveaux locaux de Lyon BD et écrin de création pour le 9e art), et des comptes dans le rouge. « Les subventions ont été votées très tardivement en 2023. Et tout coûte bien plus cher depuis le Covid, notamment les ressources humaines », admet Nicolas Piccato. « Mais nous avons pu redresser la barre et remettre les finances à flot. » .
Les perspectives d’avenir sont donc un peu moins sombres, mais elles dépendent de l’implication des administrateurs bénévoles de l’association Lyon BD, et aux 2,5 équivalents temps plein qui demeurent. Avant, peut-être, le recrutement d’un directeur artistique… Car les plans sont clairs : après une journée professionnelle organisée pour la première fois en automne (le 15 novembre), le festival compte bien reprendre ses aises les 7, 8 et 9 juin 2024, dans son format habituel, entre le Collège graphique, l’Hôtel de ville, la Comédie Odéon et l’Hôtel de région. À moins que cette crise qui s’éternise ne fasse ressurgir les querelles locales non résolues (entre libraires, auteurs, institutions...) ou les doutes des éditeurs sur l’intérêt d’investir dans un festival trop peu lisible.