Fin 1944, Hitler abat sa dernière carte. Il n’a plus beaucoup de jeu et la tentative d’assassinat dont il a été la cible a aggravé sa paranoïa. Malgré la réticence de ses généraux, il se lance dans un ultime combat. Avec ses panzers, il veut refaire aux Alliés le coup de Dunkerque et les repousser jusqu’à la mer. Mais il est le seul à vraiment y croire. Quelques mois avant de se donner la mort, il se suicide militairement. Il laisse la voie ouverte aux Soviétiques sur le front de l’Est et mise tout sur une brutalité terrifiante qui va surprendre. Du 16 décembre 1944 au 29 janvier 1945, la bataille des Ardennes se déchaîne dans un fleuve de feu et de sang.
Cartes à l’appui, Antony Beevor nous plonge dans la réalité du champ de bataille, dans ces forêts du nord dévastées par les bombes et piégées par les mines, au cœur d’une Belgique traumatisée par ces orages d’acier. Comme toujours, l’historien britannique met son sens du récit au service de la compréhension des faits en pointant les épisodes saillants. On voit ainsi Hemingway passer du bar du Ritz aux terribles combats de la forêt de Hürtgen où il retrouve son camarade, le sergent Salinger, qui prend des notes pour son Attrape-cœurs. On suit aussi les équipes nazies de Skorzeny en uniforme américain qui se glissent dans des Jeep à travers les lignes alliées pour des opérations de sabotage.
Au fil des ans, l’auteur de D-day et la bataille de Normandie (Calmann-Lévy, 2009) s’est imposé comme un champion de l’histoire narrative qui immerge le lecteur dans l’événement pour lui en faire mieux saisir les enjeux. Cet Ardennes 1944 ne déroge pas à la règle. L. L.