Le public est invité à écouter la voix de synthèse, ni homme ni femme, une voix de neutralité. Cette voix permet de ne pas "envahir d’émotions" ses auditeurs, explique Sophie Castelnau, responsable au sein du Salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ). Sans objectif de performance, le robot doit emmener son public vers la lecture plaisir.
15 livres préenregistrés
Ses fonctionnalités particulières ont été pensées par Muriel Daviatte, directrice d’Opixido et psychologue de l’enfance. Durant l’atelier, chaque enfant dispose de son propre ouvrage pour suivre le récit. Près de 15 livres sont préenregistrés dans la machine. C’est un collège de bibliothécaires qui a choisi les livres. Parmi eux, La traversée des animaux de Vincent Cuvellier et Brice Postma Uzel (Giboulées) ou Ma maman est bizarre de Camille Victorine (La ville brûle). Le robot ne connaît que la première de couverture et le texte.
Expérimenté depuis deux ans dans un Institut médico-éducatif (IME) et dans une classe de primaire en région parisienne, le robot sera de nouveau testé dans un IME. L’établissement qui accueille les enfants et adolescents atteints de handicap mental sera composé de deux groupes d'élèves âgés de 15 à 18 ans. Looping sera également évalué dans une Unité localisée pour l'inclusion scolaire (ULIS), une classe particulière pour la scolarisation d’enfants en situation de handicap. "C’est la méthode empirique", commente Sophie Castelnau.
Ces nouvelles phases d’examens visent à étudier de manière plus scientifique les bienfaits de la machine. Une grille d’évaluation sera créée et complétée par un comité scientifique composé de sociologues, phonéticiens, psychomotriciens, enseignants et bibliothécaires. "L’objectif est d’effectuer une recherche de potentialité", explique la responsable du SLPJ.
Un atelier lecture à 8000 euros
Pour que l’atelier de lecture démarre, un auditeur doit lui montrer la première de couverture. Ce rôle est souvent réalisé par un comédien tel que Alban Gérôme ou Julien Renon. Ces deux spécialistes de la lecture à voix haute ont encadré les différents ateliers d’expérimentation. Ils se réjouissent de l’impact de Looping sur les élèves handicapés. "La communication est plus simple avec les élèves, qui d’ailleurs lisent vraiment le livre et ne sont pas obnubilés par le robot, estime Alban Gérôme, le ton neutre du robot permet à l’élève de profiter de la lecture, sans se comparer à la manière avec laquelle le robot lit."
Pour l’instant, il est accompagné du technicien Félix Ardeois. L’employé de la société Opixido force l’action d’un clic de son ordinateur, si le robot connaît des difficultés à s’exécuter. Au prix de 8000 euros, sans compter la partie développement du logiciel et l’intégration des textes, Looping est autonome près d’une heure avant que sa batterie nécessite d’être chargée. Adapté pour des enfants, dès la maternelle, ce robot à l'allure humanoïde doit maintenant faire ses preuves auprès des cercles scientifiques.