16 mai > autobiographie Etats-Unis > Armistead Maupin

Il en est passé, de l’eau sous les ponts de Raleigh, Caroline du Nord, l’un des Etats les plus conservateurs du sud des Etats-Unis, qui n’a toujours pas digéré sa défaite à la guerre de Sécession, entre les deux photos qui ouvrent et ferment Mon autre famille (Logical family, en VO). Sur l’une, on voit un bébé blondinet très potelé, dans les bras de sa maman, Diana, tout sourire en maillot de bain, dans l’océan. Sur l’autre, un monsieur âgé toujours potelé, cheveux et moustache blancs, posant avec un autre homme, plus jeune de trente ans. Il s’appelle Christopher Turner, il est photographe, et le cliché a été pris à Vancouver, en 2007, le jour de leur mariage. D’ailleurs, le livre lui est dédié.

Armistead Maupin, né à Washington en 1944, ne retrace pas ici l’intégralité de ces soixante et quelques années de vie, préférant se concentrer sur sa jeunesse à Raleigh, puis ses diverses expériences: soldat au Vietnam à la fin des années 1960, afin de gagner l’estime de son père, un anti-Yankee, ultraconservateur, nationaliste, raciste et homophobe, descendant de Branch, général sudiste, compagnon de Lee et mort au combat; puis journaliste installé à San Francisco où il commence par hasard, en 1976, la publication, dans le San Francisco Chronicle, de ses Chroniques de San Francisco. Vives et vécues, elles le rendront riche et célèbre et feront de lui, très à la pointe du combat pour les droits des homosexuels aux Etats-Unis, une icône américaine et mondiale. Un tome 3, qui rassemble les derniers épisodes de la série, Michael Tolliver est vivant, Mary Ann en automne et Anna Madrigal, paraît en même temps.

Quant à sa mère, trop tôt disparue, aimante et possessive, elle l’appelait "Mon petit Ferdinand", comme le gentil taureau de Walt Disney qui ne veut pas se battre. Il a eu le temps, en 1977, de lui écrire une lettre où il faisait son coming out, belle et digne, placée en épilogue à Mon autre famille. Juste après le chapitre où il raconte sa dernière visite à son vieux père, Armistead Jones Maupin Senior, qui prend Christopher à part et lui confie, en secret croyait-il, son précieux rejeton.

Happy end après tant d’années de non-dits, de souffrance, de culpabilité, de paranoïa, qui auraient pu mener le garçon à l’asile d’aliénés, jusqu’à ce que la Californie et l’écriture le sauvent. Classique, et logical. J.-C. P.

Armistead Maupin sera l’un des invités phares du festival Etonnants voyageurs de Saint-Malo (19-21 mai).

Les dernières
actualités