11 janvier > Premier roman France > Stéphane Arfi

"J’avais six années de jours." Ainsi se présente le petit Frank. Il retrace une enfance boiteuse et orageuse, pas toujours malheureuse. Nous sommes à Paris, en 1939. Chez les Dragon, il y a deux figures tout droit sorties d’un conte. Ona, la maman soucieuse de l’époque ambiante, et Tateh, le papa qui enseigne dans une "école de Dieu". Un homme pieux, répandant l’esprit biblique dans la famille. Il ne peut hélas servir de bouclier contre le monde du dehors.

Envahi par "les diablotins d’Hitler", le pays va bientôt faire une bouchée des Juifs. "C’est la guerre aux enfants comme toi." Frank ne comprend pas, mais il ressent ce danger imminent. Caché dans une armoire, il part en séjour à la campagne. Une mamy d’adoption le prend sous son aile. A sa mort, "l’enfant-étoile" est envoyé chez des moines, mais le garçonnet dissipé a du mal à s’adapter. Comment comprendre son sort et celui des siens ? Face à ses "nœuds de malheur", le héros s’accroche à deux poupées qui le suivent partout dans son périple.

"J’étais un mot. Une pierre. La fin d’un poème inachevé." Tout au long de ces pages, l’enfant mutique étale une pensée bigarrée, parsemée de mots en yiddish, de fantaisie et de vie. Le journaliste Stéphane Arfi lui donne tantôt un air de Pinocchio, tantôt un trait de Job. On se croirait parfois dans le film de Roberto Benigni La vita e bella, tant son combat résonne avec la haine contemporaine. "Pour vivre, il faut se sauver de tout", si ce n’est des belles surprises littéraires. Kerenn Elkaïm

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