L'Institut d'Egypte et ses inestimables archives détruits par les flammes

L'Institut d'Egypte après l'incendie

L'Institut d'Egypte et ses inestimables archives détruits par les flammes

Les murs extérieurs, noircis autour des fenêtres, sont encore debout, mais la toiture et les planchers se sont effondrés.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 22h43

A deux pas de la place Tahrir, l'Institut d'Egypte fondé par Napoléon Bonaparte, a été incendié lors des récents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, n'est plus qu'une ruine où d'inestimables archives et ouvrages historiques sont partis en fumée.

Dimanche, des volontaires tentaient, à travers les barreaux des fenêtres du rez-de-chaussée, de récupérer à l'intérieur du bâtiment quelques pages déchirées ou livres largement calcinés pour les stocker dans des sacs en plastique.

"Nous allons les remettre aux autorités" avant qu'ils ne soient totalement détruits ou volés, assure pour sa part Momtaz, venu avec d'autres ramasser des lambeaux de papier.

Aux alentours, où les affrontements se poursuivent entre manifestants hostiles au pouvoir militaire et forces de l'ordre, personne ne semble faire grand cas de ces précieux documents réduits en cendres.

Le bâtiment abritait près de 200 000 ouvrages


De la fumée continuait de se dégager dimanche du bâtiment incendié la veille dans des circonstances non déterminées précisément. L'armée met en cause des cocktails Molotov lancés par les manifestants, mais cette version est aussi contestée.

Les murs extérieurs, noircis autour des fenêtres, sont encore debout, mais la toiture et les planchers se sont effondrés. L'intérieur n'est plus qu'un amoncellement de gravats calcinés d'où émergent des fragments d'étagères ou des morceaux de reliures.

L'Institut a été fondé en 1798 lors de l'expédition en Egypte de Napoléon Bonaparte, dans le but de faire progresser la recherche scientifique. Son bâtiment actuel, qui date du début du XXème siècle, abritait quelque 200 000 ouvrages, certains rarissimes, relatifs notamment à l'histoire et à la géographie de l'Egypte. Il avait résisté aux révoltes de l'hiver dernier, protégé par les citoyens.

Parmi ses pièces les plus précieuses, des volumes d'une édition originale de la monumentale Description de l'Egypte, somme des connaissances sur ce pays faite par les savants de l'expédition de Bonaparte, qui auraient été détruits, selon la presse égyptienne.

Une "catastrophe pour la science"


Le ministère de la Culture a demandé un inventaire des dégâts, quand la situation dans le secteur de Tahrir le permettra.

"Cet Institut est un élément de l'histoire partagée entre la France et l'Egypte", ajoute l'archéologue Christian Leblanc, qui en est membre lui aussi.

Le ministre de la Culture Chaker Abdel Hamid a qualifié l'incendie de "catastrophe pour la science", et annoncé la "formation d'un comité de spécialistes de la restauration des livres et des manuscrits quand les conditions de sécurité le permettront".

"Le bâtiment contenait des manuscrits très importants et des livres rares dont il est difficile de trouver l'équivalent dans le monde", a-t-il déclaré, faisant état d'efforts associant "des jeunes de la révolution, le Conseil supérieur de la culture et des restaurateurs pour sauver ce qui peut l'être".

Le ministre des Antiquités, Mohamed Ibrahim, a indiqué dans un communiqué qu'il allait demander aux autorités françaises de contribuer à la restauration du bâtiment. La France est prête à examiner cette demande. Le Ministère des Affaires étrangères a demandé aujourd'hui aux autorités égyptiennes "une enquête exhaustive et transparente sur les origines et les responsabilités" de la destruction de l'Institut d'égypte.
15.04 2015

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