Les choses de la vie sont plus évidentes quand c’est Jacques A. Bertrand qui les raconte. Avec son humour et sa plume légendaire. Prenez le parapluie, à la fois utile et encombrant, indispensable et exaspérant. Le pauvre s’oublie et s’égare, ne se rend pas, comme les livres.
Les chroniques ici réunies nous montrent un écrivain capable de se pencher avec sérieux sur la ressemblance de l’Homo sapiens sapiens et du savon. Lesquels, inexorablement, vont tous deux en diminuant. Qui d’autre que l’auteur de Tristesse de la balance et autres signes (Bernard Barrault, 1983, repris chez Julliard) ou de Les autres, c’est rien que des sales types (Julliard, 2009, repris chez 10/18) peut se soucier de "la chaussette orpheline", de "l’équilibre de la bicyclette" qui tient du miracle ?
On apprendra que "sans couvre-chef, l’Homme n’a l’air de rien du tout. Et surtout pas d’un chef". Sans oublier que "le caractère ombrageux du Mexicain découle du sombrero. La rigidité intellectuelle du Texan tient à son stetson empesé". Louons un prosateur capable d’écrire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. D’affirmer que "quelle que soit la marque, l’aspirateur met la plus mauvaise volonté du monde à contourner les meubles, les pieds de table et les coins de buffet, stoppant net votre élan vers la propreté et vous obligeant à revenir en arrière".
Sachez, chers lecteurs, qu’il est également ici question de l’ascenseur moderne, du dernier-né des cadenas ou de la perceuse qui pour l’homme est plus un instrument qu’un outil ! Rien n’est plus étrange que les choses, dit Jacques A. Bertrand. Rien n’est plus réconfortant que ses chroniques qui sont autant de bonbons à consommer sans aucune modération. Al. F.