L'indépendance de la culture en Roumanie en danger

L'indépendance de la culture en Roumanie en danger

Depuis juin, près de 1100 artistes internationaux ont signé une pétition pour demander l'annulation de l'ordonnance d'urgence du gouvernement roumain de placer l'Institut Culturel Roumain (ICR) sous l'autorité du Sénat.

avec jc Créé le 15.04.2015 à 22h43

Des milliers d'artistes de renom - les réalisateurs Cristian Mungiu (Palme d'or à Cannes), Cristi Puiu et Corneliu Porumboiu (également primés à Cannes), l'écrivain Norman Manea (Retour du hooligan : une vie, prix Medicis 2006, Seuil), mais aussi l'éditeur français Paul Otchakovsky-Laurens (Editions P.O.L), l'écrivain et éditeur responsable de la littérature étrangère chez Gallimard, Jean Mattern, le Réseau international pour les arts de la scène contemporains, la Fondation culturelle européenne, ainsi que des traducteurs, des professeurs, programmateurs et curateurs des plus grandes universités, festivals et musées du monde - ont signé une pétition dénonçant le mode abusif et arbitraire choisi par le gouvernement roumain pour administrer la culture. La fille du dramaturge Eugène Ionesco, Marie-Françoise, qui vit en France, s'est aussi jointe au mouvement.

Invitée d'honneur du Salon du livre de Paris 2013, la Roumanie se retrouve aujourd'hui dans une situation de cohabitation politique délicate, présidée par le chef de l'Etat de centre-droit, Traian Basescu, élu en 2009, et gouvernée par le parti d'opposition social-démocrate de Victor Ponta en place depuis mai 2012. L'Institut Culturel Roumain (ICR) est la première victime de ce déchirement politique qui ne cesse de croître au fil des jours.

Suite aux exigences de transparence et de meilleure gestion de l'administration formulées par le récent gouvernement roumain, celui-ci a décidé d'agir en soumettant l'ICR à l'autorité du Sénat où Ponta dispose de la majorité. Il légitime cette décision en accusant l'ICR de politisation, accusation immédiatement récusée par les artistes roumains et internationaux.

Un travail reconnu comme excellent


Lors de sa création en 2005, l'ICR, principal promoteur de la culture roumaine à l'étranger, a été placé sous l'autorité symbolique de la présidence roumaine, en l'occurence celle de Traian Basescu. Depuis 7 ans, son travail d'organisation d'événements dans ses 17 antennes dans le monde, dont une à Paris, est reconnu excellent par tout les acteurs de la scène culturelle internationale.

Or, la décision récente du gouvernement de passer l'ICR sous l'autorité du Sénat a pour effet de contraindre la dynamique culturelle internationale de la Roumanie. En effet, cette décision implique que soient modifiés son statut et ses missions, dans le but spécifique de promouvoir l'identité nationale.

Un des derniers espoirs des artistes réside dans une décision de la Cour constitutionnelle de Roumanie sur la légalité de l'ordonnance d'urgence qui a modifié la mission et le statut de l'ICR, décision qui devait être rendue jeudi 5 juillet, mais qui, aux vues des événements actuels en Roumanie, a été ajournée et reportée au mardi 10 juillet.
15.04 2015

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