Une page se tourne à la tête du Printemps des poètes. Linda Maria Baros, poète, traductrice et essayiste franco-roumaine, prend la direction de l'association.
Privé de direction artistique depuis la démission de Sophie Nauleau en janvier dernier, suite à la polémique née du choix de l'écrivain Sylvain Tesson comme parrain de l'édition 2024, le Printemps des poètes avait lancé un appel à candidatures auquel ont répondu une trentaine de personnes. « Huit ont pu poursuivre le partage de leur proposition à travers une audition et un échange avec un comité de sélection. Enfin, trois candidats ont exposé au Conseil d'administration en plénière leur projet », précise l'organisation.
Docteure en littérature comparée de l'Université Paris-Sorbonne, Linda Maria Baros est l'autrice de plusieurs recueils de poèmes, dont La Maison en lames de rasoir (Cheyne éditeur, 2006, Prix Apollinaire) et La nageuse désossée. Légendes métropolitaines (Le Castor Astral, 2020, Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres, Prix international francophone du Festival de la poésie de Montréal et Prix Rimbaud de la Maison de la Poésie de Paris).
Nouvelle vague
« Nous saluons sa grande connaissance du champ poétique, sa capacité à fédérer et à ouvrir des espaces de débat y compris inspirés par son expérience internationale », souligne l'organisation du Printemps des poètes. Cette nomination intervient après l'élargissement – et le rajeunissement – du conseil d'administration, fin avril, à quatre nouvelles recrues. Adeline Baldacchino, Anne Dujin, Paloma Hermina Hidalgo et Marie-Claire Pleros ont ainsi rejoint Jean-Pierre Siméon, Monique Lang, Emmanuel Hoog, Ernest Pignon-Ernest, Zéno Bianu et Alain Borer.
Une façon « d'ouvrir une nouvelle étape », indiquait Jean-Pierre Siméon à Livres Hebdo à l'occasion des 25 ans de la manifestation, bousculés par la polémique autour de Sylvain Tesson. « Nous refusons qu'un événement culturel auquel nous sommes de fait inextricablement lié.es de façon symbolique, créé afin de contrer les idées reçues et de rendre manifeste l'extrême vitalité de la poésie, soit incarné par un écrivain érigé en icône réactionnaire », dénonçaient en janvier, dans une tribune à Libération, plus de 1 200 personnalités, dont de nombreux poètes et poétesses issus de la nouvelle scène.
Une nouvelle vague poétique dont parlait Linda Maria Baros, en juin 2022, dans une « Lettre ouverte à ceux qui veulent que la poésie décoiffe », publiée sur le journal littéraire en ligne En attendant Nadeau. « Je suis intimement convaincue qu’un commando poétique qui donnerait un nouveau visage à la poésie française et qui la promouvrait enfin énergiquement serait à même de changer la donne », écrivait-elle alors. La voilà désormais bien placée pour insuffler cette énergie.