Un équipement d’un genre entièrement nouveau ouvrira ses portes à la rentrée sur le campus de l’université Lille-1. Baptisé Lilliad, installé dans le bâtiment historique de la bibliothèque universitaire datant de 1965, entièrement rénové, réaménagé et agrandi par une extension de 1 500 m2, il pousse très loin le concept de learning center. Ces bibliothèques, souvent universitaires, ont pour philosophie d’agréger la fonction documentaire à des activités pédagogiques, d’enseignement, sociales et culturelles, ainsi qu’une variété de services aux usagers. Dédié à l’innovation et à la diffusion de la culture scientifique, Lilliad réunira une bibliothèque, un centre d’expérimentations scientifiques appelé Xperium et un pôle événementiel.
Première originalité : ces trois entités ne seront pas autonomes et simplement juxtaposées, mais fonctionneront en synergie, coordonnées par une seule équipe. Une idée simple en apparence, mais pour laquelle il a fallu convaincre les décideurs (le programme est porté par plusieurs partenaires dont l’université Lille-1 et la Région Hauts-de-France), et qui se reflète dans l’organigramme : le directeur de Lilliad, Julien Roche, actuellement à la tête du service commun de la documentation de l’université, a défendu âprement son choix de placer des conservateurs des bibliothèques aux trois postes de directeurs adjoint chargés des départements Collections, Médiation (qui gère Xperium et le pôle événementiel) et Services aux publics.
Partenaires socio-économiques
L’équipement a identifié quatre publics cibles : la communauté naturelle des étudiants, des enseignants-chercheurs et des personnels de l’université, mais également le grand public, lors d’événements ponctuels comme les journées du patrimoine, les lycéens et le monde de l’entreprise. Les lycéens font l’objet d’une attention particulière, avec l’ambition de les sensibiliser aux métiers scientifiques. Ils représentent 60 % des 4 000 visiteurs accueillis par Xperium, depuis son ouverture il y a deux ans dans des locaux provisoires. "Nous construisons les visites avec les enseignants et nous leur fournissons des plaquettes pour les aider dans leur travail pédagogique préparatoire", précise Jacques Sauteron, directeur adjoint chargé de la médiation. Quant aux partenaires socio-économiques, ils font déjà l’objet de toutes les attentions de Lilliad, dont l’un des axes stratégiques forts est de mettre le monde de la recherche en relation avec celui des entreprises et de l’industrie. Dans le pôle événementiel, un salon "VIP" est dédié à l’accueil de ces partenaires privilégiés, et différents espaces permettant aux chercheurs de présenter l’état de leurs travaux aux entrepreneurs. Des contacts ont déjà été établis. "La SNCF a des problématiques de gestion intelligente des flux dans les gares qui relèvent du big data, cite en exemple Julien Roche. La recherche menée à l’université sur l’intelligence embarquée intéresse la section de recherche de Toyota, installée dans la région."
Pour les étudiants, le projet de la bibliothèque accorde une place particulièrement importante au travail en groupe, avec 55 salles équipées spécifiquement, soit un tiers des places assises. L’innovation pédagogique sera également le fer de lance du futur équipement. Les enseignants pourront réserver, sur projet, une salle de 80 m2 au mobilier entièrement modulable, dotée de caméras pour filmer les séances et d’un équipement permettant tous les types de pédagogie : inversée, numérique, participative, etc.
Autre démarche originale, car encore quasi inédite dans le monde des bibliothèques : Lilliad s’inscrit dans une stratégie de marque très poussée, telle que le pratiquent de grandes institutions comme le Louvre. Le travail mené avec une agence sur le nom, le logo, les couleurs utilisées, vise à créer une forte identité visuelle tout en donnant de la visibilité à tous les financeurs, et aux différentes composantes de l’entité.