Camus avait Tipasa. Pour la famille que Lilia Hassaine a choisi de mettre en scène, ce sont les ruines de Djemila, près de Sétif, dans les Aurès, où commence cette histoire en 1959.
Naja, la mère, y est venue avec ses trois filles, Maryam, l'aînée, Sonia, puis Nour, la cadette, la rebelle. Auparavant, elle a eu un fils, mort en bas âge. Le père, Saïd, un ouvrier doué et travailleur, est parti pour la métropole. Il bosse chez Renault, à Billancourt. En dépit de quelques errements passagers (alcool, violence, PMU), c'est un homme bien, qui veut le meilleur pour les siens, même de force.
En 1965, alors que toute la famille est regroupée en France, il est comblé quand Naja donne naissance à deux (faux) jumeaux, des garçons. Son frère Kader et sa femme Ève souffrant de n'avoir pas d'enfants, Saïd leur donne son aîné, qui se prénommera Daniel et sera élevé bourgeoisement, à la française. Lui garde Amir, plus chétif, taiseux mais surdoué, notamment en dessin. Lequel sera victime de son statut social. Nul n'a le droit de révéler aux jumeaux qu'ils sont frères. Néanmoins, quelque chose de fort les unit.
Bien plus tard, en 1997, après la mort de Saïd, d'Amir, et la dislocation de la banlieue tranquille où la famille avait habité, Daniel se rendra en Algérie, à Djemila, à la recherche de ses racines, avec ses deux filles, dont l'une « écrit des romans ». Tiens, tiens. La boucle est bouclée, et avec elle ce beau deuxième roman de Lilia Hassaine, une nouvelle voix dans notre littérature.
Soleil amer
Gallimard
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 16,90 € ; 160 p.
ISBN: 9782072952173