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Liber 2014 : le monde hispanique se rassemble sur fond de crise

Liber 2014 : le monde hispanique se rassemble sur fond de crise

Pour sa 32e édition, Liber, la foire internationale du livre en espagnol, revendique son identité de foire d’achats et s’affirme comme un rendez-vous pour les professionnels hispanophones avant la Foire de Francfort. 

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Par Souen Léger, Barcelone
Créé le 03.10.2014 à 21h39 ,
Mis à jour le 05.10.2014 à 16h25

Certes, il n’y a pas eu de cohue dans les allées, mais les conversations allaient bon train aux stands des éditeurs venus à Liber, la foire internationale du livre en espagnol qui s’est tenue du 1er au 3 octobre, à Barcelone. Rassemblant 450 éditeurs venus de 60 pays et des acheteurs du monde entier, la manifestation  reste avant tout un point de rencontre stratégique entre Européens et Latino-Américains, dans un cadre beaucoup plus intimiste que celui de la Foire du livre de Francfort qui se déroule la semaine suivante.

Une valeur sûre pour les petits éditeurs

 " Liber a été créé en tant que foire d’achats, c’est sa raison d’être, et de ce point de vue il remplit son objectif à 100 % ", estime Antonio M. Avila, directeur de la Fédération des éditeurs d’Espagne (FGEE) qui organise l’événement. "Pour les très grands groupes comme Planeta ou Santillana, c’est un peu moins significatif que pour les petites et moyennes maisons d’édition qui réalisent en moyenne, selon nos estimations, 30% de leurs exportations annuelles à Liber", précise-t-il.

Dans un contexte de crise aigüe - le chiffre d’affaires de l’édition sur les marchés intérieur et extérieur a dégringolé à 2,7 milliards d’euros en 2013, soit une baisse de 9,7% par rapport à 2012 – les exportations se maintiennent. Les principaux marchés restent l’Europe et l’Amérique latine, où vivent plus de 500 millions d’hispanophones. Par ailleurs, pour sa 32e édition, Liber a souhaité s’ouvrir davantage aux traductions en invitant plus de traducteurs et d’agents littéraires.

L’espoir d’une accalmie

Au cours des conférences, les professionnels du secteur ont passé au crible les défis à relever, depuis la baisse générale du pouvoir d’achat jusqu’au piratage, en passant par la réduction des budgets alloués aux bibliothèques et la fiscalité élevée appliquée au livre numérique (21%, contre 4% pour le livre papier).

Pour autant, le monde du livre espagnol peut compter sur un patrimoine, une production et des acteurs puissants. Le Liber a d’ailleurs rendu hommage à l’écrivaine Ana Maria Matute, décédée en juin 2014, ainsi qu’au président du groupe Planeta, José Manuel Lara, auquel il a attribué un prix pour l’ensemble de son parcours.

Les professionnels se montrent finalement plus enthousiastes qu’effrayés à l’idée d’inventer de nouveaux modèles prenant en compte l’essor du numérique. "Avec l’autoédition, il n’y a jamais eu autant de création de contenus", souligne Lorenzo Silva, fondateur en 2012 de la maison d’édition Playa de Akaba. "La contraction du marché dissuade les éditeurs de publier des livres qui n’auront pas de retombées commerciales suffisantes pour amortir les coûts. Ainsi, beaucoup d’auteurs n’ont pas d’autre choix que de s’autoéditer", analyse-t-il. Son objectif est de proposer un modèle hybride, en publiant à la fois des livres imprimés et numériques, et en misant sur l’impression à la demande.

Beaucoup espèrent par ailleurs une amélioration du contexte économique.  "A défaut de croître, le marché va se stabiliser dans les prochaines années", estime Nuria Cabuti Brull, P-DG de Penguin Random House Grupo Editorial. En Espagne, sur les dix dernières années, le secteur du livre a cumulé une baisse de 19%.

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