C’est bien connu, « there’s no business like show business ». Un commerce toutefois s’en rapproche, au moins par le frisson d’illicite qu’il procure à ceux qui le vivent ou l’observent, fascinés : le crime. Stars et gangsters, même combat, même liturgie profane et mythologie à deux balles (dans la peau).
Docteur en sciences économiques à l’EHESS, Thierry Colombié a fait en une dizaine de livres, documents comme romans « vrais », du grand banditisme et de la délinquance économique et financière, son mode d’appréhension du monde. Stars et truands qu’il publie aujourd’hui, passionnant et rigoureux, n’échappe pas à la règle. Il pourrait servir d’utile manuel d’histoire de France, des ombres de la collaboration à aujourd’hui…
De quoi s’agit-il ? Des liaisons dangereuses entre les heureux et les damnés, les réprouvés et ceux qui souvent tirèrent gloire de les avoir interprétés. D’un côté donc, des jeunes gens trop gâtés, d’Alain Delon à Samy Naceri en passant par Johnny Hallyday, trouvant leur épanouissement dans une marge, largement fantasmée, où réside selon eux le seul réel qui vaille. De l’autre, la fine fleur de la « voyoucratie » française, de François Marcantoni aux frères Guérini, trouvant dans ces brillants jeunes gens leur mot de passe vers la lumière, comme parfois les plus indécrottables pigeons, les « fourgues » (passeurs) les plus naïfs…
Au fil de cette histoire un peu torve, on croisera (entre autres) de curieux correspondants du SDECE, les ramifications infinies de la « french connection », quelques parrains pour qui la discrétion est gage de prospérité, des DS et des Buick, Stefan Markovic, les échos de l’affaire Ben Barka et l’arrière-cour peu ragoûtante du gaullisme des officines et des messieurs en impers gris. Des personnages furtifs comme échappés d’un livre de Modiano. On y apprendra aussi que la Corse est un département français qui s’étend de Pigalle à Cuba… Olivier Mony
