Dans sa série « Les Sept péchés capitaux », Le Journal du Dimanche a notamment invité Antoine Gallimard et Denis Olivennes. Ils ont été sollicités pour parler d’eux-mêmes et notamment de leurs vices.
Si Antoine Gallimard n’a aucune gêne à parler d’argent c’est pour se « débarrasser rapidement » du sujet et qu’il n’y ait pas de sous-entendu. Il aime aller au cœur du sujet, pour « que l’essentiel soit expédié ». Même si cela est rare, il lui arrive de se mettre en colère : il considère encore cela comme un moyen d’expression rapide et sans ambiguïté. Antoine Gallimard préfère s’énerver trop souvent plutôt que de ne pas se mettre en colère quand il le faudrait. Mais il explique ne jamais s’irriter pour des questions d’orgueil, de jalousie ou d’envie. Enfin Antoine Gallimard confesse son principal défaut, qui ne fait pas partie des sept péchés capitaux : la distraction.
A 47 ans, Denis Olivennes est le PDG de la Fnac. Du fait de son éducation par des « intellectuels de gauche » il n’aborde pas facilement les questions financières. « J’ai davantage le train de vie d’un intellectuel du Quartier Latin que d’un PDG du CAC 40. »
Également interrogé par Le nouvel économiste , Denis Olivennes dévoile ses craintes quant à la menace que fait peser la gratuité du piratage par Internet sur la culture. Il a publié chez Grasset un essai intitulé La gratuité, c’est le vol dans lequel il fustige ce « fléau ». Denis Olivennes précise qu’il ne s’agit pas de vilipender Internet mais de proposer des solutions pour éviter qu’il n’y ait plus de métiers de la culture. « Il faut responsabiliser les citoyens, centrer la répression sur les FAI (Fournisseur d’Accès Internet) et non les internautes, contraindre les fabricants de matériel à ne plus créer de normes communes et que les producteurs de musique baissent le prix de vente » synthétise t-il. Denis Olivennes se veut optimiste, sans trop y croire.
Le magasine Elle a lui aussi consacré quatre pages pendant l’été à des personnalités de l’édition française : Olivier Cohen (Editions de l’Olivier), Manuel Carcassonne (Grasset), Françoise Nyssen (Actes Sud) et Paul Otchakovsky-Laurens (P.O.L.).
Pour Olivier Cohen, des Editions de l’Olivier, le maître mot de l’éditeur c’est la patience. Les succès ne sont pas toujours au rendez-vous, il faut les attendre et les chercher avec énergie. Il faut avoir le courage de publier des inconnus, ce fut le cas avec Aharon Appelfeld, dont Olivier Cohen se réjouit qu’il soit devenu depuis « une star mondiale ». Il refuse tout pessimisme à l’égard des auteurs contemporains : « les vrais écrivains échappent par définition à tout formatage ».
Alors qu’Olivier Nora caractérisait Grasset par son « écosystème de folie douce », Manuel Carcassonne, le directeur littéraire, qualifie la maison d’ « hôpital psychiatrique » (mot de Frédéric Beigbeder). L’éditeur doit savoir conserver « un grain de folie qui permet d’entrer dans la névrose d’un écrivain ». Il tente d’avoir des relations amicales avec les auteurs, même si cela doit rendre les départs plus difficiles à vivre.
Françoise Nyssen est à la tête d’une maison florissante, Actes Sud. Elle est particulièrement fière d’avoir découvert Paul Auster. Le métier d’éditeur implique selon elle d’ « aimer les auteurs ». Elle a conscience de « côtoyer ces gens extraordinaires, les écrivains ».
Paul Otchakovsky-Laurens a créé les Editions P.O.L. en 1983. Il est particulièrement fier d’avoir publié Marguerite Duras, Marie Darrieussecq (Truismes) et Martin Winckler (La Maladie de Sachs). Il définit le métier d’éditeur comme une chance, un plaisir : celui de découvrir puis de faire découvrir.