Les romans de Jean Mattern racontent tous des quêtes identitaires, des voyages intérieurs ou bien réels. Après De lait et de miel (Sabine Wespieser éditeur, 2010), où l'on cheminait de la Roumanie à la Champagne, Simon Weber, le troisième et sans doute le plus abouti, ne déroge pas à la règle. Le narrateur éponyme est un étudiant en médecine qui n'a pas encore 20 ans. Il s'agit là d'un fils unique qui cohabite dans le 14e arrondissement avec son père. Un père traducteur qui travaille notamment à une nouvelle version de La montagne magique de Thomas Mann - jadis, Gabriel, le héros des Bains de Kiraly (Sabine Wespieser, 2008), s'attaquait quant à lui au Docteur Faustus ! Modèle de self-control, qui l'a éveillé à la culture, "Pa" a élevé seul son fils après le décès prématuré de la mère. Une journaliste culturelle anglaise, morte peu avant le 11 septembre 2001.
Simon a eu une tumeur maligne au cerveau, il a suivi une chimiothérapie qui lui a fait perdre ses cheveux et l'a obligé à faire appel aux services du Cecos à l'hôpital Cochin. Juste après le traitement, il a ressenti le besoin de prendre l'air et de la distance. De partir, à quatre heures d'avion, dans un pays où personne ne l'attendait. Israël, il s'y est aussi rendu un peu à cause d'Amir, l'étudiant qui l'a secouru à Paris un jour où il était pris de malaise sur un banc du parc Montsouris. Sur place, alors qu'il est hébergé chez Amir, le convalescent peut converser grâce à Skype avec Clarice. Sa complice et meilleure amie depuis l'adolescence dont la présence a toujours égayé son quotidien. Il peut aussi découvrir les plaisirs de la chair dans les bras de Rivka. Une femme plus âgée que lui de seize ans, qui en a surtout fait son amant en espérant tomber enceinte...
Très beau et original roman de formation, le nouvel opus de Jean Mattern parle du corps et de l'esprit. De la distance qui nous sépare parfois des êtres que l'on aime. L'éditeur et responsable des acquisitions chez Gallimard s'y montre plus libre et plus fin que jamais.
