Journée professionnelle

Les traducteurs en pleine lumière

Lors de la table ronde "Traducteurs, lecteurs : une belle rencontre". - Photo © C. Combet/LH

Les traducteurs en pleine lumière

Organisée pour la première fois par l’ATLF et le CNL, la journée sur la traduction du 6 octobre a démontré à la fois le désir des traducteurs de sortir de l’ombre ainsi qu'une immense curiosité du public pour un métier encore méconnu

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Par Claude Combet
Créé le 07.10.2014 à 21h04 ,
Mis à jour le 13.10.2014 à 17h22

“Un partenariat de l’Ecole de traduction littéraire du CNL avec l’Asfored, et un prix plancher de 21 euros la page pour les traductions”, c’est ce qu’a annoncé Vincent Monadé, président du Centre national du livre (CNL), en ouverture de la journée sur la traduction organisée le 6 octobre par l’Association des traducteurs littéraires et le CNL. Il a également réaffirmé son soutien à l’ATLF et aux traducteurs, “métier sacerdotal comme l’ensemble des métiers de la chaîne du livre” ainsi que le rôle du CNL dans les “aides aux éditeurs dans leurs projets”, tout en déclarant qu’il ne renonçait pas à une grande journée de la traduction au Salon du livre de Paris pour lequel il est en discussion avec les organisateurs, l’ATLF et le SNE.

Une cinquantaine de personnes –bibliothécaires, libraires, organisateurs de festivals et de salons, traducteurs– ont assisté aux deux tables rondes de la journée, “Après la traduction, la promotion ?” et “Traducteurs, lecteurs : une belle rencontre”.

“Certains des auteurs que je traduis disent que je suis celle qui les connaît le mieux”, a souligné la traductrice et éditrice Sophie Benech, lors de la première table ronde, “Après la traduction, la promotion ?”. Premier lecteur d’une œuvre, découvreur, défenseur… c’est avant tout la passion qui émerge des enthousiasmes d’une profession qui a parfois du mal à gagner sa vie. Sophie Benech a ainsi rappelé qu’elle ne se paie par pour les titres qu’elle traduit dans sa maison, Interférences. L’éditrice Sabine Wespieser a souligné la professionnalisation et un “statut encadré par des lois qui n’existe pas dans les pays anglo-saxons”, où “l’éditeur a le “director’s cut” comme au cinéma” a renchéri le traducteur Antoine Cazé. De son côté, la libraire Karine Henry (Comme un roman, Paris), qui avoue que le traducteur est déterminant dans ses choix, dénonçait les “traductions qui gomment une œuvre, rendent un livre neutre, sans aspérité ni relief” tout en soulignant que les re-traductions sont “un levier formidable pour vendre des classiques ou du fonds en librairie”.

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Et si certains ont trouvé que les relations traducteur-éditeur, telles qu’elles s'exprimaient dans la salle, “faisaient un peu bisounours”, le métier de traducteur littéraire, qui s’est précisé au cours des interventions, suscite un vif intérêt, y compris dans ses aspects les plus techniques, comme l’ont démontré Cécile Quintin du festival Lettres du monde à Bordeaux ou les organisateurs du salon VO/VF de Gif sur Yvette, présents au CNL.
 
“Traducteurs, lecteurs : une belle rencontre” a aussi dévoilé un certain nombre d’initiatives comme le travail, particulièrement émouvant de l’association Kolone avec des migrants du 19e arrondissement parisien, autour d’une phrase d’Ulysse traduite par les enfants en peul, ourdou ou wolof… Les rencontres organisées par les Etranges lectures en Dordogne, notamment en milieu carcéral, ou celles de l’Ecla Aquitaine auprès des lycéens, ont témoigné de la curiosité du public pour ce travail. “La traduction est un espace d’expérimentation, de passage d’une langue à l’autre, un lieu incertain où se joue la transformation de soi et les glissements de l’identité, l’intégration et la découverte de l’altérité” a conclu la modératrice Isabelle Nyffenegger.  

“Même s’il n’est pas un bateleur comme certains l’ont souligné, le traducteur aime parler de son travail et des romans qu’il écrit” a conclu Laurence Kiéfé, présidente de l’ATLF, qui espère bien renouveler ce genre de rencontre.

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