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Tout le monde l’attend, mais certains s’impatientent. Le manuscrit des Testaments de Margaret Atwood (Robert Laffont, 10 octobre), suite de La servante écarlate (Robert Laffont, 2005), a fait l’objet d’une intense campagne de hameçonnage par des hackers, révèle notre confrère britannique The Bookseller. Karolina Sutton, l’agent littéraire de l’auteure, décrit une attaque "orchestrée minutieusement" et qui s’est déroulée "chaque jour pendant des mois". Prévu pour le 10 septembre au Royaume-Uni et un mois plus tard en France (chez Robert Laffont), le livre est l'un des finalistes du Booker Prize.
 
Ces six derniers mois, "la plupart des personnes publiquement associées aux Testaments ont été ciblés par des hackers déterminés à obtenir une copie du manuscrit en avance, indique Karolina Sutton. Ils ont tenté d’usurper nos adresses mail, ce qui est commun dans l’industrie de nos jours, mais c’est la première fois que des adresses frauduleuses, indiscernables des nôtres, ont été utilisées pour atteindre des personnes en dehors des agents ou éditeurs." Dès la publication de la première sélection du Booker Prize, les juges ont été ciblés, indique Karolina Sutton.

Un embargo solide, mais brisé
 
Cette campagne a contraint l’agence Curtis Brown, qui représente Margarent Atwood, à prendre de nouvelles mesures de sécurité. "Heureusement, grâce au système que nous avons mis en place, le manuscrit n’a pas été volé, se réjouit Karolina Sutton. Dans de telles conditions, nous n’avions pas d’autres choix que de mettre en place un solide dispositif."
 
Pour Peter Florence, président du jury du Booker Prize, l’embargo mis en place autour des Testaments est le plus "intense" qu’il ait connu en 35 ans de carrière. "Il fallait que nous donnions des détails sur notre localisation afin de recevoir le manuscrit en mains propres, directement par coursier, indique-t-il. D’après lui, l’objectif des hackers pourrait être la demande d’une rançon : "c’est une pratique courante à Hollywood, moins dans le monde littéraire. Cela souligne l’importance de ce livre".
 
Ces révélations interviennent après qu’Amazon a dû s’excuser pour l’envoi précoce de 800 copies des Testaments aux acheteurs qui ont précommandés le roman, une semaine avant la sortie américaine du livre. Cette "erreur technique" du géant du commerce en ligne a conduit plusieurs journaux anglosaxons, dont le New York Times et le Guardian, à briser l’embargo et à publier leurs critiques. En réaction, l’American Booksellers Association, l’organisme représentatif des librairies américaines, a appelé les autorités fédérales américaines à enquêter sur les pratiques commerciales "destructices" d’Amazon.

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