5 février > roman Grande-Bretagne

Charles Chadwick est décidément remarquable sur toute distance. Après un fort roman de plus de huit cents pages, Tout va très bien (éditions Jacqueline Chambon, 2012), publié à l’âge de 70 ans, l’Anglais né en 1932 revient avec un volume plus mince, Relation fortuite. Là encore, il montre sa capacité incroyable à incarner des personnages pas forcément hauts en couleur.

Charles Chadwick- Photo ROBIN FARQUHAR TOMPSON/J.CHAMBOM

Ici, vont se croiser deux destins. Elsie est une femme laide et rabougrie qui a l’habitude que le regard des autres se détourne rapidement quand il se pose sur elle. L’héroïne de Chadwick a occupé pas mal d’emplois dans le secteur du ménage et travaille actuellement dans un hôpital. Elle est inscrite à la Société de sauvegarde des monuments et des sites, aime les jardins et les plantes.

Chaque mois, Elsie se rend en bus chez sa mère, Dorothy. Une dame qui a toujours l’air de sortir de chez le coiffeur, vit seule depuis le départ de son mari, joue au bridge avec des voisins qui s’essayent parfois au spiritisme. Dorothy a toujours affirmé à sa fille que l’apparence n’est rien, que l’important se trouve « en dessous ». Pour l’heure, elle lui annonce que l’oncle Henry a l’intention de vendre la maison de campagne du Dorset.

Dans le bus, Elsie a ce jour-là croisé un homme à la mise soignée qu’elle va revoir. Il se nomme Stanley, vient de Manchester, a fait quinze ans de prison pour avoir tué un homme. Stan a dégoté un emploi dans un entrepôt, commet encore quelques larcins et cherche à échapper à un ancien complice… Avec une étonnante maîtrise, Charles Chadwick montre l’embarras, l’angoisse, la honte. Des personnages en marge qui comprennent que la vie mérite parfois d’être vécue, qu’ils peuvent sortir de l’uniformité de leur existence.

Touchant et glaçant à la fois, tout en retenue et en subtilité, Relation fortuite confirme qu’il faut se pencher sans tarder sur le cas de Charles Chadwick. Al. F.

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