4 janvier > Roman France > Catherine Cusset

Elle n’a jamais rencontré son sujet, n’est ni historienne de l’art, ni critique, mais c’est au peintre britannique David Hockney que Catherine Cusset, loin de la veine autobiographique de la plupart de ses livres, offre un exercice d’admiration, livrant "un portrait qui est [s]a vision de sa vie et de sa personne, même si c’est lui, son œuvre, ses mots, qui me l’ont inspiré", explique-t-elle en avant-propos.

Vie de David Hockney qui paraît quelques mois après la grande rétrospective au Centre Pompidou à Paris est un roman d’intuition où il est autant question d’art que d’amour et d’amitié. L’écrivaine a compilé les écrits de et sur l’artiste octogénaire dont la liberté "l’a fascinée", se justifie-t-elle encore, pour dérouler chronologiquement une trajectoire où vie et œuvre sont intimement intriquées. Hockney, né dans le Yorkshire populaire dans une famille de cinq enfants est, sous la prose vive de Catherine Cusset, l’homme qui a tout assumé : son homosexualité, et plus tard, à la quarantaine, sa surdité, avec une vitalité hédoniste pourtant souvent mise à l’épreuve, le sida décimant ses proches dans les années 1980. Un exceptionnel coloriste, dessinateur précoce qui a promené son audace de Londres à New York, jusqu’à Los Angeles, sa ville d’élection, sans jamais dévier de sa philosophie inspirée par la remarque d’un ami quand il avait 20 ans : "peindre ce qui comptait pour lui". Un créateur débridé qui, devant tout, la célébrité, l’argent, a toujours placé le désir de peindre, le plaisir et le jeu. David Hockney est celui qui a revendiqué sa peinture figurative quand l’époque ne jurait que par l’abstraction américaine, a expérimenté sans relâche, explorant les techniques (gravure, collages photographiques, aquarelle apprise en six mois à 60 ans passés…), les technologies les plus contemporaines (fax, scanner, iPhone, iPad), se fixant des défis plastiques (représenter l’arrivée du printemps en noir et blanc au fusain)… Un artiste qui depuis plus de soixante ans n’a jamais cessé de se ressourcer auprès de maîtres vénérés : Picasso, Matisse, Piero della Francesca, Claude Le Lorrain… De ce portrait personnel, Catherine Cusset dit au début du livre : "J’espère que l’artiste y verra un hommage." Assurément. V. R.

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