« Nous avions l'art pour l'art ; maintenant nous avons la guerre pour la guerre », constate Ellie avec fatalisme. Ce pilote américain aguerri comprend l'absurdité du combat, lorsqu'il est victime d'un crash aérien en plein désert. Son kit de survie : dérisoire. « Pas de cran, pas de gloire. » Entre deux mirages, Ellie avance en songeant aux sermons du colonel ou à la femme qu'il fuit. L'improbable surgit avec la rencontre de Clebs, un chien philosophe doté de parole « imbu de sa personne ». « C'est un grand méchant monde là-bas dehors. Et s'ils avaient besoin de bombes ailleurs ? Je suis prêt à me confronter aux mystères de l'univers et aux perversions du cœur humain. »
Il conduit le pilote bombardier vers sa famille d'adoption, survivant tant bien que mal dans un camp isolé. Comme l'explique Père cher, « nous étions des gens normaux. Nous étions nomades. Nous sommes des fugiés. » Son fils Momo, 14 ans, ne se laisse pas démonter par ce papa morose ou par la troublante disparition de son frère aîné. Peu importe la guerre, il se consacre à ses « concours de pisse artistique » ou aux jolies filles. Ce côté roublard ne l'empêche pas de critiquer la société. Pourquoi a-t-elle abandonné tous ces aliénés ? Quel sens a leur existence dans ce coin du monde qui ne suscite qu'indifférence ? Mohammed Hanif est un enfant du Pakistan, au regard mordant. L'ancien pilote de l'armée de l'air, devenu reporter, prête sa curiosité à ses tendres héros (Attentat à la mangue, Les 2 Terres, 2009). Son roman, plein d'humanité et d'inventivité, se veut un appel à la solidarité. « Qu'est-ce qui vient après la guerre ? La reconstruction. » Cette note d'espoir s'adresse à toute l'humanité. « On doit endurer la douleur et ressentir la joie, on doit mourir, on doit vivre. » Pas le choix.
Des oiseaux rouge sang - Traduit de l’anglais (Pakistan) par Bernard Turle
Delcourt
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 21,50 euros ; 320 p.
ISBN: 978-2-413-01584-0