10 avril > Roman Mexique

A 42 ans, la Mexicaine Guadalupe Nettel, en dépit de la reconnaissance internationale (prix Herralde 2014 pour son dernier roman Después del invierno), n’a pas encore en France, trouvé le succès que son grand talent, et en particulier sa virtuosité de nouvelliste, mérite.

Alors si vous n’avez pas vu passer l’autobiographique Le corps où je suis née (Actes Sud, 2014), il faut vous précipiter sur La vie de couple des poissons rouges, un recueil de cinq nouvelles qui pourraient aussi s’appeler la vie des bêtes et lient le sort des animaux à celui des hommes : un couple se défait, à la naissance de leur premier enfant, devant des "Betta splendens connus aussi sous le nom de "combattants de Siam"" qui s’entre-tuent dans un aquarium ; un garçon de 12 ans qui vient habiter chez sa tante maternelle fait face à une invasion de cafards ; une étudiante en histoire confrontée à une grossesse imprévue fait "équipe" avec deux chats ; une violoniste trouve une singulière façon de rester unie à son amant clandestin ; un père dépérit en regardant le serpent qu’il a installé dans son bureau…

Des drames domestiques - séparation, solitude, deuil amoureux - à huis clos, à Paris et à Mexico, et qui ne sont jamais racontés comme des tragédies. Dans la ménagerie de Guadalupe Nettel, entre Kafka et Cortázar, les peines sont parallèles ou partagées, le monde animal est miroir et témoin, mais aucune métaphore n’est littérale. Sereine, parfois délicatement ironique, la narration est épatante de finesse. V. R.

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