24 août > Roman France-Chine > Jacques Pimpaneau

"Mémoires ou roman ? Peu importe, écrit Jacques Pimpaneau dans sa postface, l’important est qu’on prenne plaisir à lire ce livre." On n’a rien à ajouter, si ce n’est que le pari est réussi. Ces Mémoires d’une fleur sont un petit bijou de littérature, érudit et hors du temps, où l’un de nos grands sinologues, ancien professeur à l’Inalco, traducteur, essayiste, prête son pinceau à une courtisane chinoise du VIIe siècle.

Celle qui prendra bientôt le pseudonyme - selon l’usage dans les maisons de courtisanes - de Saxifrage est la fille d’un haut fonctionnaire abandonné par sa femme, partie avec un autre. Elle a reçu une excellente éducation, la même que celle d’un garçon, et son père lui a laissé une grande liberté dans ses choix de vie. Intellectuelle, poétesse, cithariste, elle s’intéresse tôt au confucianisme et, surtout, au taoïsme, à quoi elle adhère. Elle se fait nonne dans un monastère aux confins du Tibet, établissement mixte et assez libéral où elle reviendra, bien plus tard, finir ses jours. Elle y connaît, entre autres, le plaisir, dont elle fera son métier. Par relations, elle se rend à Chengdu, où elle est acceptée dans un établissement chic. Elle y passera toute sa vie, en banquets assortis d’entretiens sérieux, philosophiques, ou de récits littéraires. Sa culture, ses manières parfaites séduisent, y compris un préfet, lequel sera l’une de ses pratiques régulières. Elle aura aussi quelques amants de cœur, de 17 à 80 ans, et deux amours : le premier, marié, rompt ; le second, poète respecté, meurt de maladie. Elle ne l’a jamais oublié. Plus tard, la maison vendue, elle tente de vivre comme copiste, mais c’est dans son monastère qu’elle trouvera finalement la paix de l’âme. Est-ce là qu’elle aurait écrit ses prétendus Mémoires ?

Jean-Claude Perrier

Les dernières
actualités