La commission numérique du Syndicat national de l'édition présidée par Virginie Clayssen (Editis) a réuni des spécialistes du scolaire, de la bande dessinée et de beau livre pour son rendez-vous semestriel, dont la thématique était consacrée aux « Livres illustrés : de la page du livre à l'écran », lundi 21 mars au Salon du livre de Paris.
En préambule, Antoine Gallimard, président du Syndicat, a tenu à rappeler que les éditeurs très engagés pour le projet de loi sur le prix unique du livre numérique, « n'ont pas pour objectif de défendre leur marché ou leurs marges mais leur politique d'auteur, qu'il ne s'agit pas de laisser échapper dans les poches des fournisseurs de technologie ».
Sylvie Marcé, P-DG de Belin, a présenté le manuel numérique d'histoire développé dans la collection LIB, qui va au delà de la version papier, en ajoutant des contenus multimédias et en permettant aux enseignants de rajouter leurs propres documents, de les partager, de recomposer le manuel en fonction de leurs priorités et leur pédagogie.
Des auteurs qui n'ont pas toujours conscience des impératifs juridiques
Ces manuels interactifs et enrichis supposent une recherche documentaire qui n'est plus seulement iconographique mais plus largement documentaire, notamment en vidéo. Valérie Massignon, de la société XY Zèbre a évoqué ce nouveau métier « d'iconographe-recherchiste spécialisée en recherche d'images animées », qui suppose d'abord d'être capable de débrouiller les questions de droits sur des documents ramassés sur Internet par des auteurs qui n'ont pas toujours conscience des impératifs juridiques.
Les services iconographiques commencent aussi à se lancer dans la production, de bande annonces présentant des auteurs pour des besoins de promotion, ou de projets plus complexes lorsqu'il s'agit d'élaborer du documentaire, a expliqué Nathalie Bocher-Lenoir, responsable du pôle Illustration-médias Sejer/Editis. L'édition représente un nouveau marché pour des fournisseurs tels Rafael Trapet, photographe devenu réalisateur de web documentaires ou encore Philippe Deblauwe, directeur-gérant de l'agence Picturetank, autres intervenants de la table ronde.
Les conditions commerciales d'Apple et son contrôle sur les contenus font problème
Régis Habert et Amélie Rétorré, respectivement directeur général et directrice du développement d'Izneo, la plateforme commune de distribution de BD numérisées établie par les principaux éditeurs du secteur, ont évoqué les nombreuses questions qui se posent encore aux spécialistes du secteur, dont l'avenir passe par les tablettes numériques, mais dont le présent est dominé par le seul constructeur Apple. Ses conditions commerciales et son contrôle sur les contenus font problème ont reconnu les deux intervenants - sans parler du prix de ces appareils, qui en limite très sérieusement la diffusion auprès des jeunes, principaux consommateurs de BD. Izneo a toutefois comptabilisé 80 tablettes ou projets de tablettes concurrentes à venir cette année, ce qui laissera des solutions alternatives.
En clôture de cette table ronde, qui correspondait aussi à celle du salon, Nicolas Roche, directeur des éditions du Centre Pompidou, a présenté Comme à l'atelier un exemple de livre d'artiste enrichi en réalité augmentée, de Jean-Michel Othoniel.