Les écrans ne sont pas forcément nocifs pour les enfants, mais leur usage suppose néanmoins quelques adaptations de comportement, et surtout du bon sens et de la cohérence de la part des parents se sont accordés à dire les participants du premier débat de la matinée des Assises du livre numérique organisées par le Syndicat national de l'édition, le 22 mars au salon du livre de Paris.
Pour les tablettes tactiles, grande nouveauté par rapport à l'écran passif de la télévision, Serge Tisseron, co-auteur du rapport de l'Académie des sciences sur L'enfant et les écrans (publié au Pommier) a expliqué que leur usage peut se révéler bénéfique dans la palette des apprentissages, à condition d'en maîtriser le temps avec l'enfant.
Cette maîtrise du temps est aussi une préoccupation des éditeurs mais plutôt en raison de la concurrence que ces tablettes exacerbent entre le livre et les jeux numériques, lesquels représentent plus de 60% des applications que les parents installent à l'attention de leurs enfants, a rappelé Alban Cerisier, secrétaire général des éditions Gallimard, et président de la commission numérique du SNE.
Pour les éditeurs scolaires et universitaires, intervenant dans le débat suivant, les enjeux sont à la mesure de ce qui reste à faire, c'est-à-dire à peu près tout dans un univers encore très incertain ont reconnu François Gèze, P-DG des éditions La Découverte, président du groupe Universitaire du SNE, et Sylvie Marcé, P-DG des éditions Belin, vice-présidente du SNE et présidente du groupe Enseignement.
Tous deux ont déploré l'insuffisance des budgets consacrés à l'achat de contenus, même si la situation est à nuancer dans le second cycle de l'enseignement universitaire et la recherche, qui bénéficie de l'essentiel des crédits a insisté François Gèze. Dans le débat sur l'accès ouvert à ces contenus, dont la production est souvent financée sur fonds publics mais dont la diffusion est captée par de grands groupes privés, il a également distingué la situation des sciences dures par rapport aux sciences humaines. Les revues de SHS, sauvées par la numérisation, ont besoin de ces revenus pour perdurer, et le travail des éditeurs qui s'en chargent ne saurait être remplacé par de simples dépôts d'articles en compilation.
Tout en se félicitant de l'intérêt pour le développement numérique que l'Education nationale manifeste par la nouvelle loi sur la refondation de l'école, Sylvie Marcé a insisté sur les inquiétudes qu'elle soulève chez les éditeurs, notamment à propos de l'extension de l'exception pédagogique, et du futur grand service public de l'éducation, qui pourrait assécher un marché à peine naissant pour les éditeurs.
Dans le secondaire, les éditeurs ont proposent maintenant environ 1200 à 1300 titres en version numériques, et ont investi dans leur production 25 millions d'euros depuis trois ans, pour cinq millions d'euros de chiffre d'affaires a ainsi déclaré Sylvie Marcé. « On ne tiendra pas longtemps comme ça » a prévenu la vice-présidente du SNE, appelant au développement d'une vraie filière française dans le numérique éducatif : « c'est un enjeu stratégique » a-t-elle insisté.