Bande dessinée

Les éditeurs menacent de boycotter le Festival d'Angoulême

Le Festival d'Angoulême en janvier 2015 - Photo (c) Olivier Dion

Les éditeurs menacent de boycotter le Festival d'Angoulême

Les éditeurs de bande dessinée du Syndicat national de l'édition et du Syndicat des éditeurs alternatifs réclament, mardi 23 février dans un communiqué, une "refonte radicale" du FIBD, conduite par un médiateur dont ils demandent la nomination par la ministre de la Culture.

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Par Fabrice Piault
Créé le 23.02.2016 à 17h43 ,
Mis à jour le 01.03.2016 à 16h13

Dans un communiqué rendu public mardi 23 février sous le titre "Sauvons le festival d'Angoulême", 41 éditeurs de bande dessinée du Syndicat national de l'édition (SNE) et du Syndicat des éditeurs alternatifs (SEA), annoncent qu'ils ont "décidé de ne pas participer à la prochaine édition du FIBD si une refonte radicale n'est pas mise en œuvre dans les meilleurs délais".

Les signataires représentent l'écrasante majorité des éditeurs exposants à Angoulême avec, pour le SNE, Casterman, Dargaud, Delcourt, Denoël, Fluide Glacial, Futuropolis, Gallimard, Glénat, Jungle, Le Lombard, Panini, Rue de Sèvres, Sarbacane, Soleil, Urban et Vents d'ouest, ainsi que 25 adhérents du SEA parmi lesquels L'Association, Çà et Là, La Cafetière, La 5ème Couche, Cornélius, 2014, Frémok, L'Employé du Moi, Le Lézard Noir, Les Requins Marteaux, Les Rêveurs, Misma, Vide Cocagne ou encore The Hoochie Coochie. Pour eux, "le Festival doit être repensé en profondeur, dans sa structure, sa gouvernance, sa stratégie, son projet et ses ambitions". Ils demandent à la ministre de la Culture de les recevoir "et de nommer un médiateur afin de mener à bien, de toute urgence, cette refondation".

"Errements"

D'après le communiqué des éditeurs, "la dernière édition du Festival a cumulé les errements: absence de femmes dans la liste des auteurs éligibles au Grand Prix de la Ville d'Angoulême, mécontentement des auteurs souvent mal traités par l'organisation, baisse de la fréquentation, opacité dans les sélections des prix, cérémonie de clôture désastreuse".

Le texte rappelle que "loyaux soutiens du Festival international de la Bande dessinée d'Angoulême depuis sa création, les éditeurs ont maintes fois alerté ses organisateurs, ses financeurs et les pouvoirs publics sur les carences récurrentes de ce rendez-vous annuel". Cependant, "le Festival est parvenu à décrédibiliser notre profession aux yeux du monde entier", s'émeuvent les éditeurs, rappelant que la manifestation angoumoisine "occupe une place centrale dans la vie de la bande dessinée" et qu'"il est impossible de le laisser se dégrader et entacher ainsi l'image du 9e Art tant en France qu'à l'étranger".

"Manque de vision et de stratégie"

Pour Guy Delcourt, P-DG du groupe Delcourt et président du groupe bande dessinée du SNE, interrogé par Livres Hebdo, la dernière édition du festival a suscité dans l'édition "un phénomène de ras-le-bol". "C'est comme si Angoulême nous avait fait une sorte de best of de tout ce qui n'allait pas !, s'exclame-t-il. Le problème, c'est l'accumulation de problèmes. Il y a un clair manque de vision et de stratégie." "Les éditeurs ne veulent pas s'approprier le salon, précise-t-il, mais qu'un médiateur entende et réunisse tous les partenaires."

"Notre but est d'en finir avec les problèmes d'organisation et les polémiques qui, quand elles ne sont pas initiées par les élus locaux, sont provoquées par les organisateurs eux-mêmes", renchérit Jean-Louis Gauthey (Cornélius), porte-parole du SEA, pour qui "il faut passer par une phase de médiation pour faire évoluer les choses". "Dans les discussions à venir, le SNE et le SEA auront sans doute des divergences, précise-t-il. Nous ne partageons pas la même vision du secteur, mais nous sommes d'accord pour que soient créées les conditions d'une manifestation apaisée, car le Festival est le bien commun de tous."

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