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Les deux librairies franciliennes de La Barque aux livres mettent la clé sous la porte

Les librairies La Barque aux livres d'Esbly et du centre commercial d'Ulis ont ouvert leurs portes respectivement en 2021 et 2023

Les deux librairies franciliennes de La Barque aux livres mettent la clé sous la porte

Manque de moyens, loyer trop élevé, fréquentation en baisse… Les deux espaces conviviaux de la librairie se voient contraints de baisser le rideau.

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Par Adèle Buijtenhuijs
Créé le 24.03.2025 à 17h26

Après près de quatre ans d’existence, La Barque aux livres, librairie répartie entre deux magasins à Esbly (Seine-et-Marne) et dans le centre commercial des Ulis (Essonne), en Île-de France, ferme ses portes. Joël Broulou, son gérant, a fait part de la nouvelle dans une newsletter datant du dimanche 23 mars, où il témoigne de sa « profonde tristesse ». 

Des premières difficultés en décembre 2023…

Le directeur confie à Livres Hebdo être « convaincu » que cette fermeture « aurait pû être évitée ». Car ses librairies conçues comme des lieux accueillants et chaleureux avec salon de thé et espace de travail doté d’une connexion wifi, fonctionnaient bien avant décembre 2023. Jusqu'au moment où l’entreprise, approchée trois fois de suite par des investisseurs, a été tentée de voir plus grand.  « À l’époque, explique Joël Broulou, l’idée était d'ouvrir un troisième magasin afin de créer une véritable chaîne de librairies indépendantes avec une charte et une identité marquées et communes ». 

…au coup d’arrêt en 2024

Cependant, alors que les négociations avec lesdits investisseurs ne se concrétisent pas, son associé se retire entièrement l’affaire. Ces deux événements fragilisent l’activité économique des magasins qui perdent véritablement pied en février 2024, lorsque l’espace dédié à la presse dans la boutique des Ulis disparaît, faute de moyens. « Il nous a été impossible de réunir la caution de 25 000 euros » déplore Joël Broudou, pourtant convaincu du « pouvoir d’appel » de la presse nécessaire au bon fonctionnement de la boutique, notamment grâce « aux personnes âgées qui avaient pour rituel d’acheter leurs journaux à la librairie ». Dès lors, le chiffre d’affaires de La Barque aux livres des Ulis chute, passant de 40 000 euros par mois en moyenne à 4 000 euros. 

Le loyer trop élevé des locaux d’Esbly et une fréquentation insuffisante terminent d’achever l’entreprise, qui se voit contrainte, aujourd'hui, de mettre la clé sous la porte. Une nouvelle qui attriste les habitués : « Suite à l’annonce, j’ai reçu beaucoup de messages de soutien, une cliente a même pleuré au téléphone tandis qu’un autre m’a proposé son local gratuitement », raconte Joël Broulou qui alerte sur la situation financière de ses boutiques depuis août dernier. 

Dans sa newsletter, celui-ci a tenu à rappeler les fonctions essentielles des librairies indépendantes, créatrices de « diversité, de lien social, d’accès à la culture, d’opportunités éducatives et professionnelles et de patrimoine local ». 

Les projets pour l’avenir

La Barque aux livres est désormais fermée mais l’activité sur internet, elle, se poursuit « pour ne pas lâcher les membres » (les clients ayant souscrit à des formules comprises entre 30 et 100 euros proposant divers avantages tels que des réductions de 5% sur les livres). Toujours actif, le site changera bientôt de nom et de statut juridique, passant de labarqueauxlivres.com à lenuageauxlivres.com. 

En plus de s’occuper de la fermeture et du développement du numérique, Joel Broulou planche actuellement sur un projet plus personnel : consigner cette période de crise dans un livre afin de documenter la « vraie vie » du libraire. 

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