Assises du livre numérique

Les défis relevés par l'édition numérique scolaire

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Les défis relevés par l'édition numérique scolaire

La crise sanitaire a fortement favorisé le marché du numérique, auquel plusieurs secteurs éditoriaux ont eu recours, en particulier le secteur scolaire. Quelques mois après avoir adopté "un tournant numérique" lié au confinement, les éditeurs font le point.

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Par Alexiane Guchereau
Créé le 15.12.2020 à 20h00

Pour ce quatrième jour des Assises du livre numérique, le SNE a organisé une table ronde modérée par la journaliste Louise Tourret, qui a réuni Célia Rosentraub, Bruno Revellin, Rodrigo Arenas et Christine François autour des défis relevés par l'édition scolaire en 2020. Avec la fermeture des établissements scolaires en mars, les éditeurs spécialisés ont déployé en deux jours un accès gratuit aux manuels numériques pour tous les élèves.

Selon Célia Rosentraub, qui préside l'Association des Editeurs d'Education, l'ensemble des adhérents a tout de suite vu dans le numérique une solution pour répondre aux multiples demandes des enseignants. Au total, près de 3000 manuels ont été progressivement mis en ligne et consultés par près de 5 millions de visiteurs. La forte fréquentation de la plateforme est, selon la responsable, révélatrice d'inégalités sociales et entre les enseignants.

Pour pouvoir parvenir à répondre aux demandes des enseignants et contribuer à pallier ces inégalités, les représentants du secteur scolaire ont souhaité, dans un premier temps, disposer d’infrastructures solides. Si certains établissements et foyers étaient déjà largement équipés, d’autres n’y avaient pas encore accès. C’est pour ces derniers qu’a été ouvert l’accès aux manuels scolaires numériques sur toute la période. Célia Rosentraub constate qu’elle a surtout été consultée par les familles et les enseignants du primaire pour les disciplines fondamentales. Rodrigo Arenas, président de la Fédération des Conseils de parents d'elèves (FCPE), ajoute qu’il est intéressant de noter que dans les territoires où les familles sont les moins équipées à la fois en livres et en outils numériques, la bataille culturelle a été remportée par le papier. De fait, le livre papier a une capacité de transmission générationnelle que n’a pas encore le livre numérique, lequel est encore perçu comme un outil de consommation et de divertissement. 

Accompagner les familles et les enseignants dans ce virage numérique

Le directeur du développement numérique chez Editis, Bruno Revellin, indique que les demandes adressées aux services de relation client et d’accompagnement numérique du groupe ont crû de plus de 60 % par rapport à l’an dernier. Un accompagnement a également été proposé aux enseignants, au travers de supports pédagogiques mais aussi de webinaires techniques ou avec une orientation disciplinaire. Pour Célia Rosentraub, l'accompagnement des usagers a été complété, avec le confinement, d'un volet plus technique, qui a donné lieu au développement de pratiques positives telles que la coopération avec les familles, l’individualisation des apprentissages ou l’autonomisation des élèves. Ce changement mérite à coup sûr d’être suivi d'un soutien financier. Le numérique doit être concentré sur l’équipement, la formation des enseignants et les ressources. 

Pour Rodrigo Arenas, "le numérique ne doit pas non plus servir à contrôler l’enfant. Il est primordial que l’État s’empare désormais de cette question et soutienne ce modèle, comme il le fait avec le livre et la presse papier. À défaut, l’optimisation économique primera sur l’intérêt pédagogique." Pour lui, une plus grande attention doit également être apportée au rythme scolaire et au droit à la déconnexion.

Quelle place pour le papier ?

Christine François, conseillère du recteur et déléguée académique au numérique éducatif (Académie Nancy-Metz), souligne l’importance de la notion de socle numérique, préalable incontournable pour organiser l’accès aux savoirs.  Les outils doivent être au service d’un espace d’apprentissage, dans lequel l’enseignant guide l’élève. La "concurrence intrafamiliale" pour les équipements ne doit pas non plus être négligée. À cet égard, l’académie nancéenne n’a pas opté pour le déploiement du tout-écran, et reste sur un modèle complémentaire avec le support papier. Par ailleurs, l’accompagnement des familles les plus en fragilité est un enjeu de société qui dépasse la scolarité et les apprentissages. Bruno Revellin ajoute que le manuel numérique scolaire n’est pas la simple transcription du manuel papier, puisqu’il contient différents types d’enrichissements. En cela, il apporte selon lui "une ressource supplémentaire".
 
En outre, la plupart des ressources numériques proposent des fiches à imprimer pour devenir des supports papier d’activités. Il existe des plateformes de classe interactive, commercialisées en tant que produits autonomes ou en complément des manuels. Pour les autres, le support numérique est surtout perçu comme un outil d’accès accéléré à la ressource. Christine François ajoute que les indicateurs de suivi montrent une augmentation de 25% des connexions aux manuels numériques et de 30% des activités collaboratives entre élèves depuis la rentrée.

Célia Rosentraub souligne à son tour les capacités d’individualisation des outils numériques. Ce faisant, le numérique étend l’espace de liberté des enseignants.

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