France Culture, France 24, Elle, Le Magazine littéraire
Tout en poursuivant sa chronique littéraire bilingue à France 24 et ses collaborations régulières à Elle et au Magazine littéraire, Augustin Trapenard anime depuis la rentrée la nouvelle émission littéraire de France Culture, "Carnet d'or".
Qui l'aura ? Alexis Jenni (L'art français de la guerre, Gallimard). Le lauréat sera sans doute un auteur Gallimard compte tenu de l'anniversaire de cette maison, et un auteur Gallimard qui "marche" en librairie, car il faut un succès pour que le Goncourt continue de faire sens dans le paysage littéraire français.
Qui le mérite ? Alexis Jenni, encore lui. C'est peut-être, tout compte fait, le plus grand livre de la rentrée, tant par son ambition que par les enjeux littéraires et sociétaux qu'il dessine. C'est le plus digne représentant d'une tendance majeure dans le champ littéraire. Celle d'écrire le "roman français" par excellence, un livre qui examine et qui incarne avec le plus de panache l'essence de la France.
OLIVIA DE LAMBERTERIE
Elle, France 2, France Inter, Europe 1
Responsable culture de Elle où elle suit plus particulièrement la littérature et le cinéma, critique à "Télématin" sur France 2 et au "Masque et la plume" sur France Inter, Olivia de Lamberterie est aussi depuis la rentrée chroniqueuse de la nouvelle émission de Marion Ruggieri, "Il n'y en a pas deux comme Elle" sur Europe 1.
Qui l'aura ? Alexis Jenni, car Gallimard a décidé de fêter son centenaire en fanfare.
Qui le mérite ? Delphine de Vigan, qui signe le meilleur roman de la rentrée.
BERNARD LEHUT
RTL
Chef adjoint du service culture de RTL, Bernard Lehut partage avec les auditeurs sa passion de la lecture dans "Laissez-vous tenter", le magazine culturel quotidien qui fête ses 10 ans, "Les livres ont la parole", le dimanche, et, en été, "Chemins d'écrivains". Il a par ailleurs coordonné le recueil de nouvelles inédites de 7 écrivains, 52 cadavres exquis, qui vient de paraître chez Play Bac.
Qui l'aura ?La belle amour humaine pour l'ampleur des thèmes et la beauté du style de Lyonel Trouillot, l'enchanteur de la langue française. Ce Goncourt récompenserait, au-delà d'un livre, l'ensemble d'une oeuvre et rendrait enfin possible la rencontre de Trouillot et du grand public. Et ce serait tellement moins convenu que de le donner à un auteur de la "Blanche" pour les 100 ans de Gallimard...
Qui le mérite ? Delphine de Vigan (Rien ne s'oppose à la nuit, Lattès). Entre l'effroi et l'amour, ce livre impose l'absolue nécessité de l'écriture.
CATHERINE FRUCHON-TOUSSAINT
RFI
Catherine Fruchon-Toussaint anime en alternance avec Sophie Ekoué l'émission hebdomadaire "Littérature sans frontières" sur RFI, qu'elle consacre à la littérature française. Celle-ci vient de s'enrichir de lectures du texte de l'auteur invité par des comédiens. Elle signe par ailleurs ce mois-ci Une vie de Tennessee Williams chez Baker Street.
Qui l'aura ? Sorj Chalandon (Retour à Killybegs, Grasset). Alexis Jenni peut subir le revers du Goncourt déjà attribué au premier roman de Jonathan Littell (Les Bienveillantes, Gallimard) en 2006. Si Lyonel Trouillot l'avait, ce serait un prix politique au sens Nobel du terme, plus d'un an après le drame d'Haïti.
Qui le mérite ? Sorj Chalandon, c'est mon coup de coeur de la rentrée, il signe un vrai projet littéraire avec un deuxième livre sur l'Irlande qui répond à un livre antérieur.
ANNE MICHELET
Version Femina, Europe 1
Rédactrice en chef adjointe de Version Femina où elle est responsable des pages culturelles, Anne Michelet rejoint chaque jeudi l'équipe de chroniqueurs de l'émission de Michel Field sur Europe 1, "Rendez-vous à l'hôtel".
Qui l'aura ? Cela se jouera entre Alexis Jenni et Sorj Chalandon qui de toute façon aura un prix, donc plutôt Jenni.
Qui le mérite ? Carole Martinez. Du domaine des Murmures qui est son deuxième livre est la très belle surprise de la rentrée. Et puis, je trouve bien qu'une femme puisse l'avoir car les prix ont la palme d'or du sexisme : seulement 11 % de femmes en ont reçu un.
NATHALIE CROM
Télérama, France Culture
Responsable des pages livres de Télérama depuis cinq ans, Nathalie Crom collabore régulièrement à "La dispute" d'Arnaud Laporte le vendredi sur France Culture.
Qui l'aura ? Franchement, je n'en sais rien.
Qui le mérite ? Difficile de comprendre les raisons littéraires pour lesquelles Limonov (P.O.L), le livre d'Emmanuel Carrère, pour moi l'ouvrage sans doute le plus marquant, singulier et réussi de cette rentrée, a été écarté de l'ultime sélection. D'ailleurs, nombre de très bons livres sont parus cet automne, et ils ne sont pas nombreux à figurer dans cette liste finale. Alors qui ? Disons Lyonel Trouillot.
AUDE LANCELIN
Marianne
Aude Lancellin est directrice adjointe de la rédaction de Marianne et chef des rubriques "Culture" et "Idées" depuis août dernier.
Qui l'aura ? Alexis Jenni. Les Goncourt sont en train de préparer son sacre et c'est plutôt une bonne nouvelle. Ils ont été assez raisonnables d'éliminer David Foenkinos. J'ai une petite pensée pour Simon Liberati mais, en termes d'originalité et d'inventivité, c'est Jenni qui me semble désigné.
Qui le mérite ? Alexis Jenni.
LAURENT GOUMARRE
France 5, France Culture, Têtu
Laurent Goumarre anime depuis un mois la nouvelle émission culturelle de France 5, "Entrée libre", en plus de son "Rendez-vous" quotidien sur France Culture. Il est par ailleurs responsable des pages culturelles de Têtu.
Qui l'aura ? Alexis Jenni, même s'il a pour handicap d'avoir écrit un premier roman, ce qui a pu servir à Jonathan Littell. Du coup, je ne suis pas sûr que cela puisse marcher, mais au-delà du récit, c'est une expérience de lecteur. On ne peut pas faire l'économie de la place du romancier dans le livre.
Qui le mérite ? Pour moi, c'était Emmanuel Carrère, son livre m'a passionné. C'est intéressant de voir comment un auteur se positionne par rapport à un autre. Mais j'ai aussi beaucoup aimé Alexis Jenni même si je ne suis pas sûr que l'auteur ait accès à ce qu'il raconte. A un moment, le lecteur se rend compte qu'une partie du livre échappe à son auteur.
OLLIVIER POURRIOL
Canal +
Agrégé de philosophie et conférencier à MK2 avec "Studio philo", Ollivier Pourriol a remplacé à la rentrée Ali Baddou à la rubrique culture du "Grand journal" de Canal +.
Qui l'aura ? Alexis Jenni. Je sens un parfum de Goncourt autour de ce livre d'une grande ambition politique, un peu épique, dans lequel il y a des éclairs de réflexion sur le langage et le français.
Qui le mérite ? Alexis Jenni. Il a le profil de l'intéressant nouveau sans être neuf, avec ce côté pépite repérée par Gallimard, découvreur de talents. Mais je ne pense pas qu'un prix se mérite, car il dépend des décisions d'un jury avec le hasard que cela comporte.
ERIC NAULLEAU
Paris Première, RTL, Paris Match
Animateur de l'émission culturelle hebdomadaire "Ça balance à Paris" sur Paris Première, Eric Naulleau tient également depuis la rentrée deux chroniques par mois dans Paris Match, alternant un "coup de coeur" littéraire et un "coup de gueule". Editeur (Balland), il intervient aussi régulièrement dans les émissions "On refait le monde" de Christophe Hondelatte et "A la bonne heure" de Stéphane Bern sur RTL.
Qui l'aura ? Alexis Jenni. Il ressemble au candidat idéal car il est publié par Gallimard. Le Goncourt fonctionne ainsi, d'autant que c'est l'année du centenaire de l'éditeur. Son roman est lisible et ambitieux, cela fait du bien alors qu'on déplore généralement les romans étriqués et nombrilistes. Moi qui ai souvent hurlé sur les palmarès des grands prix, là il n'y aurait pas de quoi se révolter.
Qui le mérite ? J'ai eu un faible pour Limonov d'Emmanuel Carrère, mais dans un monde littéraire idéal, je préférerais donner le Goncourt à Patrice Delbourg (Un soir d'aquarium, Le Cherche Midi), qui est un jongleur de mots. Son livre est décalé, hors normes.
ADÉLAÏDE DE CLERMONT-TONNERRE
Point de vue, France 2, RTL
Chef de la rubrique "Quelle culture" à l'hebdomadaire Point de vue, Adélaïde de Clermont-Tonnerre est aussi chroniqueuse à l'émission "Avant-Premières" d'Elizabeth Tchoungui sur France 2. Elle participe épisodiquement à "Ça balance à Paris" sur Paris Première et à partir de la mi-novembre au "Journal inattendu" de Marie Drucker sur RTL pour des portraits.
Qui l'aura ? Alexis Jenni. J'ai l'impression que les Goncourt veulent refaire le coup des Bienveillantes, mais je pense que c'est très castrateur pour un auteur de premier roman, cela nuit à sa production littéraire. Et cela relègue le Goncourt du premier roman en seconde zone.
Qui le mérite ? Carole Martinez parmi les quatre finalistes, mais Véronique Ovaldé a construit en sept livres un monde baroque que j'adore.
SABINE AUDRERIE
La Croix
Sabine Audrerie est responsable des pages littéraires à La Croix depuis 2006. Elle y suit particulièrement la fiction française et étrangère. Sa rubrique livres est par ailleurs la plus consultée du site Lacroix.com
Qui l'aura ? Le premier roman d'Alexis Jenni est le livre qui m'a le plus réjouie de cette rentrée.
Qui le mérite ? Alexis Jenni mérite d'être couronné à plusieurs titres. Sans être ni moralisateur, ni bien-pensant, il éclaire les racines de la précarité sociale et de la xénophobie actuelles. Il arrive à tisser passé et présent à travers la rencontre d'un quarantenaire et d'un ancien combattant, dans ce qui est à la fois une réflexion sur notre époque et un grand roman d'aventures. Premier roman d'un inconnu, ce livre pourtant exigeant a déjà été plébiscité par un large public, il est la preuve que la grande littérature peut réunir tous les lecteurs