RAPPORT SOCIAL

Les plus bas salaires de l'édition ont pu voir le résultat concret de l'accord intervenu en 2011 sur le barème de la convention collective : certains d'entre eux ont bénéficié d'une augmentation annuelle de plus de 2 000 euros. C'est ce qu'on peut déduire du dernier Rapport social de la branche de l'édition, finalisé cet été. Réalisé par un cabinet spécialisé pour le compte du Syndicat national de l'édition (SNE) et des représentants des salariés de la branche, ce rapport synthétise des données sur l'emploi, les salaires, la formation et l'égalité hommes-femmes. Il sert de base aux négociations de branche, notamment sur les minima sociaux, qui ont connu une longue période de blocage.

"Il y a eu de fortes hausses sur les salaires minimaux des catégories employés", confirme Alain Bergdoll, président de la commission sociale du SNE (et directeur des ressources humaines d'Hatier, filiale d'Hachette Livre). En fait, des employés aux cadres, la quasi-totalité (22 échelons sur 27) des plus bas salaires recensés dans l'enquête se trouvaient inférieurs aux minima négociés l'an dernier, et appliqués au 1er octobre 2011 et au 1er janvier 2012.

Surtout les jeunes

Les salariés concernés sont essentiellement des jeunes entrant dans la profession, et c'est une situation relativement nouvelle dans l'édition. "Auparavant, les négociations sur la grille de la convention prenaient moins d'importance, car les salaires réels étaient de toute façon toujours supérieurs", constate Martine Prosper, secrétaire générale du Syndicat national Livre-Edition CFDT.

Signé cet été et en vigueur depuis le 1er septembre, un nouvel accord de branche applique une progression de 2 % sur les minima, qui devrait de nouveau entraîner une hausse des plus bas salaires. Pour des raisons conjoncturelles (voir encadré), la mesure des évolutions par rapport à l'année précédente se trouve en revanche plus incertaine. Sur la base restreinte du périmètre des 40 entreprises ayant répondu en 2010 et en 2011, les salaires moyens augmentent chez les agents de maîtrise, et restent stables chez les cadres, qui représentent 63 % des effectifs.

Identifier les inégalités hommes-femmes

Pour la première fois, l'enquête a calculé des salaires médians (1) par métiers, complétant les moyennes par échelons. Sans surprise, les directeurs éditoriaux sont les mieux payés, avec un salaire médian de 71 052 euros, pour les hommes, mais presque 10 000 euros de moins pour les femmes. L'objectif de cette nouvelle présentation est d'identifier les inégalités hommes-femmes, et leurs causes. La plus évidente d'entre elles est la différence d'expérience, mesurable en partie via l'âge. Les directrices éditoriales sont certes plus jeunes, mais le différentiel de salaire est bien supérieur à celui de l'âge (- 16,3 % contre - 6,5 %). Chez les contrôleurs de gestion, quatrième fonction la mieux payée dans les maisons après les directeurs éditoriaux, les chefs de fabrication et les responsables d'édition, les femmes sont même plus âgées que les hommes (+ 8,1 %), mais pourtant moins payées (- 14,6 %). Les congés de maternité sont souvent avancés comme autre variable explicative, mais celle-ci devrait être inopérante : "La loi prévoit qu'à son retour une femme doit bénéficier d'un réajustement de salaire correspondant à la moyenne des augmentations collectives et individuelles accordées aux collègues de sa catégorie en son absence", rappelle Martine Prosper.

Dans quelques métiers (assistant commercial et d'édition, responsable d'édition, technicien de fabrication), elles sont autant, voire mieux payées que les hommes. Chez les responsables commerciaux, elles sont même plus jeunes (- 4,9 %), et mieux payées (+4,1 %). Il reste quelques bastions masculins, notamment chez les chefs de fabrication, outre les directeurs éditoriaux. Au premier semestre 2012, le SNE et les syndicats ont signé trois déclarations communes sur l'égalité homme-femme qui listent bonnes intentions et bonnes pratiques, pour faire passer dans la réalité ce que diverses lois prévoient depuis près de trente ans.

(1) La médiane est la valeur partageant un effectif en deux moitiés égales, 50 % gagnant plus et 50 % gagnant moins. Elle est considérée comme plus pertinente que la moyenne.

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