Confirmant ainsi l’hypothèse logique qui se dessinait après la fin du mandat ad hoc, actée le 3 mars par le tribunal de commerce, le communiqué observe que "le dernier candidat à la reprise du groupe Sauramps ", Matthieu de Montchalin, propriétaire de l’Armitière (Rouen) et président du Syndicat de la librairie française (SLF), "n’a pas pu apporter les éléments nécessaires à la concrétisation de son projet."
Cessation de paiement totale ou partielle ?
Cessation de paiement totale du groupe, ou cessation partielle ne portant que sur le magasin Odyssée, assortie d’une procédure de sauvegarde pour les autres librairies (Le Triangle, Polymômes, Sauramps en Cévennes…): les détails du scénario restent encore dans le flou. Il faudra attendre la déclaration officielle de cessation de paiement au greffe du tribunal et le jugement d’ouverture de la procédure collective pour être fixé.
En attendant, ces multiples péripéties, qui affectent l’une des plus grandes librairies françaises, font couler beaucoup d’encre et réagir certains libraires. Mardi 7 mars, dans un entretien accordé au site Actualitté, Christian Thorel, le P-DG de la librairie Ombres blanches, à Toulouse, s'est ainsi livré une charge violente contre Jean-Marie Sevestre et Matthieu de Montchalin.
"Incompétence" et "inconséquence"
Lui-même engagé depuis de longs mois dans un processus de transmission, Christian Thorel s’interroge sur les capacités du P-DG de Sauramps à se sentir "concerné" par cette problématique de transmission ou même à avoir "suffisamment travaillé la question".
Mais le P-DG d'Ombres blanches vise plus particulièrement Matthieu de Montchalin, qu’il accuse notamment de s’être "présenté pour la reprise d’une entité dont il ne savait rien, ou très peu" et d’avoir "exercé sur tout le monde, et autant que faire se pouvait, une pression, à partir de ses prérogatives de président du Syndicat de la librairie française. Il a multiplié les déclarations dans la presse, concluant hâtivement que la vente était réglée en sa faveur, ayant manifestement omis d’étudier objectivement le dossier. Il s’est servi, et par conséquent, l’a biaisé, de son statut."
Le libraire de Toulouse, qui a quitté le conseil d’administration du SLF en 2012, juge cette attitude "inadmissible" et y voit le signe "d’une certaine incompétence et d’une véritable inconséquence." "Aujourd’hui, il devrait savoir ce qu’il a à faire pour assumer ses responsabilités", conclut Christian Thorel, qui en profite pour apporter son soutien à Benoît Bougerol, son confrère de Toulouse (Privat) et de Rodez (La Maison du livre), qui s’était également porté candidat à la reprise de Sauramps en novembre et qui a annoncé préparer un nouveau dossier, en partenariat avec un éditeur, dans le cadre de la procédure judiciaire à venir.