Les 100 livres de l'année 2020 selon "Lire Magazine Littéraire"
Romans, essais, documents, BD, jeunesse, littératures de genre: la rédaction du bimestriel a livré son palmarès de l'année, en partenariat avec RTL et Sens critique.
Pour son dernier numéro de l’année, la rédaction de Lire – Magazine littéraire a choisi Fille de Camille Laurens (Gallimard) comme livre de l’année 2020. L’écrivaine, membre du jury Goncourt, affirme dans un grand entretien à Claire Chazal que « l’inégalité entre le jugement qui peut être porté sur des livres écrits par des femmes et celui porté par ceux écrits par des hommes [l]’énervent beaucoup. »
En partenariat avec RTL, le magazine révèle sa fameuse liste des 100 livres de l’année, surtout issus de la rentrée littéraire et publiés par les grandes maisons. Les groupes Madrigall, Actes Sud, et Média-Participations, tout comme l’éditeur Grasset (Hachette Livre) sont largement représentés dans plusieurs catégories.
Miguel Bonnefoy- Photo OLIVIER DION Littérature française : Héritage de Miguel Bonnefoy (Rivages), Le consentement de Vanessa Springora (Grasset), Yoga d’Emmanuel Carrère (POL), Histoire de la nuit de Laurent Mauvignier (Minuit), Et toujours les forêts de Sandrine Collette (Lattès), Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon (Buchet-Chastel, prix Renaudot), Nature humaine de Serge Joncour (Flammarion, prix Femina), Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs de Mathias Enard (Actes Sud, et non pas Grasset comme indiqué dans le bimestriel), Vie de Gérard Flumard de Jean Echenoz (Minuit), Les impatientes de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas, prix Goncourt des lycéens), Thésée, sa vie nouvelle de Camille de Toledo (Verdier), Chavirer de Lola Lafon (Actes Sud), et Buveurs de vent de Franck Bouysse (Albin Michel)
S’y ajoutent le choix du libraire avec L’anomalie d’Hervé Le Tellier (Gallimard, prix Goncourt) ou les découvertes des lecteurs de Sens critique : La grande épreuve d’Etienne de Montety (Stock, Grand prix du roman de l’Académie française), L’historiographe du royaume de Maël Renouard (Grasset), et La trajectoire des confettis de Marie-Eve Thuot (éd. du Sous-Sol)
Parmi ces 100 livres, la rédaction n’a pas omis les succès de l’année : L’énigme de la chambre 622 de Joël Dicker (De Fallois), Le pays des autres de Leïla Slimani (Gallimard), et Miroir de nos peines de Pierre Lemaitre (Albin Michel).
Rushdie Salman- Photo SYRIE MOSKOWITZ Littérature étrangère : Quichotte de Salman Rushdie (Actes Sud) emporte les suffrages. La rédaction a aussi aimé Apeirogon de Colum McCann (Belfond, prix du Meilleur livre étranger), Requiem pour une ville perdue d’Asli Erdogan (Actes Sud), 10 minutes et 28 secondes dans ce monde étrange d’Elif Shafak (Flammarion), Fin de combat de Kark Ove Knausgaard (Denoël), Mon père et ma mère d’Aharon Appelfeld (L’Olivier), Le roman de Tyll Ulespiègle de Daniel Kehlmann (Actes Sud), Propriétés privées de Lionel Schriver (Belfond), Nostalgie d’un autre monde d’Ottessa Moshfegh (Fayard), et Histoires bizarroïdes d’Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
Le choix du libraire se porte sur Nickel Boys de Colson Whitehead (Albin Michel) tandis que les découvertes des lecteurs de Sens critique se portent sur Betty de Tiffany McDaniel (Gallmeister, prix du Roman Fnac), Qui sème le vent de Marieke Lucas Runeveld (Buchet-Chastel, International Booker Prize), Les lionnes de Lucy Ellmann (Seuil) et Ohio de Stephen Markley (Albin Michel).
Cinq succès ont été retenus : Impossible d’Erri de Luca (Gallimard), La vie mensongère des adultes d’Elena Ferrante (Gallimard), Étés anglais d’Elizabeth Jane Howard (La table ronde), Là où chantent les écrevisses de Delia Owens (Seuil) et Le crépuscule et l’aube de Ken Follett (Robert Laffont).
Laurence Peyrin- Photo PASCALE LOURMAND / KERO Littérature de genre :
Côté polars, le magazine est assez avare. Les dynamiteurs de Benjamin Whitmer (Gallmeister) l’emporte aux côtés du choix du librairie – Richesse oblige d’Hannelore Cayre (Métailié) et de deux succès : Retour de service de John Le Carré (Seuil) et La vallée de Bernard Minier (XO).
Pour la science-fiction, ont été retenus Expiration de Ted Chiang (Denoël/Lunes d’encre) et Chinatown, intérieur de Charles Yu (Aux forges de Vulcain).
En mode résilience, Les jours brûlants de Laurence Peyrin (Calmann-Lévy) est le seul livre élu.
Rééditions, études littéraires et poésie:
Deux ouvrages réédités ont été sélectionnés : les Œuvres complètes de Roberto Bolano (L’Olivier) et Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov (Inculte).
Le magazine recommande deux biographies autour du milieu littéraire : Paul Morand de Pauline Dreyfus (Gallimard) et Les frères Goncourt de Jean-Louis Cabanès et Pierre Dufief (Fayard).
Enfin, Lire – Magazine Littéraire a choisi Autoportrait dans un miroir convexe de John Ashbery (Joca Seria).
Rébecca Dautremer- Photo DR Jeunesse : Alma de Timothée de Fombelle (Gallimard jeunesse) arrive en tête. La dystopie L’année de grâce de Kim Liggett (Casterman), Mortelle Adèle, Karmastrophique de Mr Tan et Diane Le Feyer (Tourbillon) et King et Kong de Alex Cousseau et Clémence Paldacci (Le Rouergue, choix du libraire) complètent la liste. Quatre livres sur cent quand le livre jeunesse représente un livre vendu sur quatre…
Bande dessinée :
Pas mieux côté représentativité du 9e art, même si 2020 était l’année de la BD. Des souris et des hommes de John Steinbeck, adapté par Rébecca Dautremer (Tishina) a les honneurs de la BD de l’année. On retrouve aussi Carbone & Silicium de Mathieu Bablet (Ankama), Un cow-boy dans le coton d’Achdé et Jul (Lucky Comics, et non Dargaud comme indiqué dans le magazine), Le Marsupilami : la bête de Frank Pé et Zidrou (Dupuis) et trois succès : L’accident de chasse de David L. Carlson et Landis Blair (Sonatine), Peau d’homme d’Hubert et Zanzim (Glénat) et L’homme qui tua Chris Kyle de Fabien Nury et Brüno (Dargaud).
Baptiste Morizot- Photo ACTES SUD Non-fiction (essais, documents, biographies, témoignages…) :
Baptiste Morizot, avec Manières d’être vivant (Actes Sud) est le phénomène de l’année selon la rédaction. Laure Adler double la mise avec La voyageuse de nuit (Grasset) et Le corps des femmes (Albin Michel). François Sureau fait de même avec L’or du temps et Ma vie avec Apollinaire (tous deux chez Gallimard).
En essais et documents, le magazine a aussi choisi Pourquoi le soleil brille de Roland Lehoucq (Humensciences), La fureur de vivre d’Hubert Reeves (Seuil), le posthume Une farouche liberté de Gisèle Halimi, avec Annick Cojean (Grasset), Le bonheur, sa dent douce à la mort de Barbara Cassin (Fayard), La haine orpheline de Peggy Sastre (Anne Carrière), Ci-gît l’amer, guérir du ressentiment de Cynthia Fleury (Gallimard), Rendre le monde indisponible d’Hartmut Rosa (La Découverte), La fin de l’amour d’Eva Illouz (Seuil), Les noms d’époque sous la direction de feu Dominique Kalifa (Gallimard) ou encore La guerre des vaccins de Patrick Zylberman (Odile Jacob).
Argent et pouvoir sont aussi au menu avec Churchill d’Andrew Roberts (Perrin), Mauthausen d’Iakovos Kambanellis (Albin Michel), Libres d’obéir de Johann Chapoutot (Gallimard), Le capitalisme sans rival de Branko Milanovic (Le découverte, et non pas Le Seuil comme indiqué dans le mensuel), L’âge du capitalisme de surveillance de Soshana Zuboff (Zulma) et quelques politiques de droite (Le temps des tempêtes, vol. 1, de Nicolas Sarkozy, L’observatoire ; L’envers du décor, dans l’intimité des présidents de Jean-Pierre Jouyet, L’observatoire ; Mon Chirac, une amitié singulière d’Alain Juppé, Tallandier). Mais aussi des livres plus polémiques tels Moi les hommes je les déteste de Pauline Harmange (Seuil), Le génie Lesbien d’Alice Coffin (Grasset), Un coupable presque parfait de Pascal Bruckner (Grasset).
Les découvertes des lecteurs de Sens critique sont Batailles de Isabelle Davion et Béatrice Heuser (Belin), A son ombre de Claude Askolovitch (Grasset), Les vertus de la bêtise de Paul Vacca (L’observatoire), et Génération offensée de Caroline Fourest (Grasset). Le choix du libraire s’est porté sur Le goût du vrai d’Etienne Klein (Gallimard).
Enfin, huit succès complètent la liste : Urgence sanitaire d’Eric Caumes (Robert Laffont), Les territoires conquis de l’islamisme de Bernard Rougier (PUF), Les imposteurs du bio de Christophe Brusset (Flammarion), Flic, un journaliste a infiltré la police de Valentin Gendrot (Goutte d’or), La vie ordinaire d’Adèle Van Reeth (Gallimard), One Life de Megan Rapinoe (Stock), Devenir Beauvoir de Kate Kirkpatrick (Flammarion), et Les femmes savantes sous la direction de Laure de Chantal (Les Belles Lettres).
Mijo Beccaria s'est éteinte le 3 octobre. Créatrice du magazine pour enfants Pomme d'Api et fondatrice de la presse jeunesse chez Bayard, elle avait 90 ans.
Quand on lui demande son titre officiel, Julien Pelletier se déclare « duc de Japanim ». Un trait d'humour pas si loin de la réalité. En 25 ans, ce Breton a bâti un petit empire dans l'univers de la librairie manga, avec dix boutiques portant haut les couleurs du Japon dans l'ouest de la France.